Extraits critiques

Leclerc, Catherine Leclerc, « L'Acadie (s')éclate-t-elle à Moncton? Notes sur le chiac et La distance habitée » dans Lucie Hotte et Guy Poirier (dir.), Habiter la distance, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2009, p. 15-36.

La voix de Paré est celle d’un participant à la société́ minorisée, d’un militant pour la cause des minorités linguistiques ; elle est aussi, du même coup, celle d’un sujet pris dans l’expérience de sa minorisation et qui tente de réfléchir sur elle de l’intérieur, sans jamais s’en arracher.

Doyon-Gosselin, Benoit, et Rachel Veilleux, « Les essais de François Paré : une poétique du tourment », Voix et Images, vol. 39, n° 3, 2014, p. 59, http://id.erudit.org/iderudit/1026213ar.

L’essai inaugural de François Paré a permis à toute une génération de chercheurs d’étudier ces littératures minoritaires en toute légitimité.

Ouellet, François, « L'héroïsme de la marge : les essais de François Paré », Tangence, n° 56, 1997, p. 42, http://id.erudit.org/iderudit/025957ar.

Il y a chez Paré un saisissante mise en récit du discours de la marge, un incomparable mise en scène littéraire de l’essayiste par lui-même, une puissante rhétorique de la sollicitation performative, affective, séduisante, perverse (le terme n’est nullement péjoratif : c’est la plus belle qualité que puisse se donner une écriture qui inscrit au sein de la linéarité du discours sa propre singularité), qui joue habilement de l’énonciation et des conditions socioculturelles dont elle témoigne.

Les littératures de l'exiguïté

Tessier, Jules, « [Compte rendu de Les littératures de l’exiguïté de François Paré] », Francophonies d'Amérique, n° 4, 1994, p. 175-176, http://id.erudit.org/iderudit/1004491ar.

L’essai Les Littératures de l’exiguïté constitue une oeuvre majeure, riche et profonde, désormais essentielle pour quiconque s’intéresse aux littératures des milieux minoritaires. En utilisant la production franco-ontarienne comme étalon des "petites littératures" et en la hissant au niveau de ses homologues de l’extérieur, il aura contribué à lui faire franchir une étape importante de son évolution : l’accès à la scène international. Heureux paradoxe, cet essai provenant d’un des multiples Landerneau de l’exiguïté est digne des plus grandes Littératures et mérite sans conteste de faire le tour du monde. 

Lord, Michel, « [Compte rendu de Les littératures de l’exiguïté et Théories de la fragilité de François Paré] », University of Toronto Quarterly, vol. 65, n° 1, 1995/1996, p. 269, https://muse-jhu-edu.proxy.lib.uwaterloo.ca/article/515140/pdf.

Pour toutes ces questions soulevées et bien d’autres, ces deux essais me semblent représenter des jalons essentiels, si l’on veut comprendre un certain Canada français aujourd’hui. Il y a là une sorte de diagnostic à la fois sociologique, esthétique et même historique. S’inscrivant lui-même dans l’univers de l’exiguïté et de la fragilité dont il parle, François Paré n’en garde pas moins tous ses moyens, qui lui permettent de tenir un discours à la fois libre et rigoureux, généreux et décapant, rempli d’inquiétudes et de sérénité, sur ce monde qui est un peu ou beaucoup le nôtre.

Major, Robert, « L'intellectuel comme marginal et résistant », dans François Paré, Les littératures de l’exiguïté, Ottawa, Le Nordir, « Bibliothèque canadienne-française », [1992] 2001, p. 8.

Les littératures de l’exiguïté a provoqué un choc en profondeur dans notre perception de la Littérature. Ce que dans d’autres disciplines on appelle un changement radical de paradigme, une révolution épistémologique.

Major, Robert, « Fragilités et inquiétude pérenne », Voix et Images, vol. 21, n° 1, 1995, p. 158, http://id.erudit.org/iderudit/201221ar.

François Paré y avait amorcé une réflexion profondément originale sur la littérature et ses marges, le centre et sa périphérie, réflexion alimentée par ses nombreuses lectures d’oeuvres appartenant à des littératures marginales et minoritaires, excentriques au sens premier du mot. Cette réflexion, toutefois était également fondée sur une connaissance approfondie d’une des grandes littératures centripètes, la française (l’auteur étant spécialiste de la Renaissance), et sur des assises théoriques solides, tributaires de l’analyse institutionnelle, qui permettaient à l’auteur d’aborder sans craintes son objet et de tenir à une saine distance critique « la » littérature et son enseignement universitaire. À la fois essai et journal intime, étude savante et plaidoyer, analyse critique et manifeste, ce livre s’intéressait à l’espace des restes : ces centaines de littératures minoritaires, coloniales, insulaires, fragiles, qui logent dans les bandes exiguës de la culture occidentale, refoulées, exclues par les grandes littératures hégémoniques.

Major, Robert, « De la marge et des marginaux », Voix et Images, vol. 18, n° 3, 1993, p. 583, http://id.erudit.org/iderudit/201051ar.

La réflexion de François Paré s’insère dans une mouvance actuelle qui tend à exacerber les particularismes, à valoriser les singularités, qu’elles soient ethniques ou groupusculaires, et à faire éclater les ensembles sous une forte pousée centrifuge. Crépuscule des nations hégémoniques et déclin de leurs intellectuels ? Parcellisation du pouvoir symbolique et décentralisation radicale du discours ? Plusieurs s’en inquiètent ou le déplorent. François Paré, au contraire, s’en réjouit.

Julien, Jacques, « Yeux fertiles », [compte rendu de Les littératures de l’exiguïté de François Paré], Moebius : écritures / littérature, n° 61, 1994, p.134, http://id.erudit.org/iderudit/13946ac.

Le discours bienveillant de l’auteur vient facilement émouvoir notre réceptivité, et tout le livre concourt à cette civilité de l’échange entre l’auteur et son lecteur ou sa lectrice. Le texte est d’ailleurs écrit de façon très personnelle, très marquée, si bien que l’on pense parfois lire un journal intime : ‘Il me semble, ce matin, que les choses n’avancent plus tellement’ (p.102). Dans cet essai, on se laisse donc prendre tout autant par les charmes de la parole que par la manière dont elle rend compte du sujet.

Théories de la fragilité

Ouellet, François, « [Compte rendu de Théories de la fragilité de François Paré] », Francophonies d'Amérique, n° 6, 1996, p. 133, http://id.erudit.org/iderudit/1004628ar.

François Paré est le premier à poser de solides jalons critiques d’une histoire littéraire et culturelle encore jeune, et c’est là indéniablement la première qualité de son ouvrage. Par ailleurs, ses études sont souvent émouvantes, essentiellement parce qu’il s’y investit à la fois avec une modestie angoissée (qui découle du sentiment du manque, de la mort qui guette, de la fragilité, mais qui pour cette raison est créatrice) et une volonté rédemptrice d’investigation discursive. Émouvantes, mais non moins lucides et profondément honnêtes ; François Paré sait mesurer les défis, mais aussi les illusions, dans les textes des autres comme dans le sien, sachant que la communalité, comme chez Dorais et Paiement, participe avant tout de la construction d’un imaginaire commun. « S’agit-il d’une illusion ? Sans aucun doute, mais cela n’a aucune importance. Nous sommes toujours dans le domaine du représenté. »

O’Neill-Karch, Mariel, « Le pari de la différence », [compte rendu de Théories de la fragilité de François Paré], Liaison, n° 81, 1995, p. 34, http://id.erudit.org/iderudit/42352ac.

François Paré vise, dans certaine pages de Théories de la fragilité, ceux qui prônent une culture univoque, en montrant les dangers du mouvement vers l’homogénéité des cultures minoritaires à la recherche d’UNE voix capable de se faire entendre dans la cacophonie environnante.

Dans des textes à fortes résonances poétiques et aux noms évocateurs (L’ajournement, Clignotement…), François Paré renoue avec l’image de la dune de son essai précédent et s’acharne "à construire des remparts" (p. 10) tout en se rendant compte de la futilité ultime d’empiler des sacs de sable. La critique, dit-il, est, comme ces sacs, excessive, puisqu’elle vient après la création littéraire et ne répond à aucune nécessité, surtout pas esthétique.

La distance habitée

Côté, Jean-Denis, « La Distance habitée : l’extraordinaire capacité́ de résistance des cultures marginalisées », [compte rendu de La Distance habitée de François Paré], Liaison, n° 123, 2004, p. 50, http://id.erudit.org/iderudit/41048ac.

La Distance habitée est un essai brillant qui rend bien compte de l'extraordinaire capacité de résistance des cultures marginalisées. Le lecteur demeure frappé par la lucidité de la grande majorité des analyses, tant celles portant sur la réalité des cultures minoritaires, que celles, plus spécifiques, de leurs littératures. Il n'est guère étonnant que le livre ait remporté le prix Trillium en 2004.

Mais un fait demeure, au sujet duquel l'auteur a parfaitement raison : vivre en situation minoritaire est un combat qui se vit au quotidien. D'où l'importance de faire ressortir la vivacité́ culturelle d'une communauté : ‘[T]oute culture, au fond, permet à chacun et à chacune de nous d'habiter la distance entre soi et les autres, dans un univers interstitiel où se confirme notre emprise sur les choses.’

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