Le domaine Populations en santé porte sur le mieux-être physique, mental et social de la population. Il examine l’espérance de vie, le mode de vie et les comportements, ainsi que les circonstances qui ont une incidence sur la santé comme l’accès aux soins de santé.

Le domaine Populations en santé rend compte de la santé globale de la population (« état de santé ») ainsi que des facteurs qui influencent la santé (« déterminants de la santé »). Cette vaste perspective est utilisée parce que les modes de vie et les comportements des personnes sont limités et façonnés par des facteurs sociaux plus larges comme la façon dont les aliments sont distribués et le prix qu’on leur fixe, dont les maisons sont construites et situées, dont le transport urbain est conçu, dont les soins de santé et les services récréatifs sont accessibles et dont nous interagissons avec l’environnement naturel.

Des habitudes saines contrastent avec des tendances inquiétantes

​La tendance globale pour Populations en santé est positive, mais elle cache des changements inquiétants depuis quelques années. Même si les taux de vaccination contre la grippe sont en hausse, que moins d’adolescents que jamais auparavant fument et que nous vivons plus longtemps, les signes ne sont pas tous bons. Les cotes des Canadiens relativement à leur état de santé globale et de santé mentale ont diminué depuis la fin des années 2000, ce qui coïncide avec le ralentissement économique. Les taux de diabètes ont plus que doublé. Une personne sur cinq a une limitation relative à la santé ou à l’activité, et moins de personnes ont un médecin de famille. Et certains groupes de Canadiens sont plus touchés que d’autres.

Tendances de Populations en Sante graphique

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Les Canadiens vivent plus longtemps…

L’espérance de vie des Canadiens à la naissance est maintenant de plus de 82 ans – l’une des plus élevées au monde. Nous avons connu une augmentation constante chaque année depuis 1994, alors que l’espérance de vie était d’à peine plus de 78 ans. L’espérance de vie ne varie pas beaucoup selon le lieu de vie des Canadiens, à l’exception de nos territoires du Nord-Ouest. Au Yukon, dans les Territoires du Nord‑Ouest et au Nunavut, l’espérance de vie est en moyenne 75,1 ans – au-delà de 7 ans de moins que la moyenne nationale.

Les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes – 83,6 ans comparativement à 79,4 ans en 2012 –, mais l’écart se resserre. Entre 1994 et 2009, l’espérance de vie des hommes a augmenté de 3,8 ans, comparativement à 2,3 ans pour les femmes.

… mais ne sentent pas nécessairement plus en santé

Le pourcentage de Canadiens déclarant évaluer leur santé à très bonne ou excellente en 2014 était de 4,1 % inférieur à 1994. Le pourcentage a atteint un sommet en 1998 à 69,1 % de Canadiens qui estimaient être en meilleure santé, et a chuté en 2003 à 58,4 %. Depuis ce temps, le pourcentage a très peu changé, se maintenant entre 59 % et 60 %.

Le sexe, l’âge et le revenu sont tous liés aux cotes des Canadiens relativement à leur santé. Légèrement plus de femmes que d’hommes déclarent être en meilleure santé à l’instar des Canadiens âgés de moins de 45 ans. L’autoévaluation de la santé est très liée au revenu. Plus de deux tiers des Canadiens (68,7 %) ayant un revenu du ménage supérieur à 80 000 $ par année déclarent avoir une santé très bonne ou excellente, alors que bien en deçà de la moitié des Canadiens (43,9 %) dans des ménages ayant un revenu annuel de moins de 40 000 $ se sentent en aussi bonne santé.

Plus de 1 Canadien sur 5 vit avec une limitation relative à la santé ou à l’activité

De plus en plus de Canadiens vivent avec une limitation relative à la santé ou à l’activité, et à mesure que la population vieillit, les nombres pourraient continuer d’augmenter. En 1994, 84,9 % des Canadiens déclaraient n’avoir aucune limitation, mais en 2014, ce pourcentage avait chuté à 78,5 % – une baisse de 6,4 %. Comme dans le cas de l’autoévaluation de la santé, les personnes vivant dans des ménages à faible revenu étaient plus susceptibles d’avoir une limitation relative à la santé ou à l’activité.

Le diabète monte en flèche…

Les taux de diabète ont plus que doublé au cours des 21 dernières années – de 2,6 % de la population en 1994 à 6,7 % en 2014. Les taux de diabète sont plus élevés chez les hommes (7,5 %), et particulièrement chez ceux qui vivent dans des ménages à faible revenu (10,4 %). Plus crucial encore, l’incidence de diabète est particulièrement forte chez les personnes des Premières nations âgées de plus de 45 ans, à 19 %. En comparaison, seulement 11 % des personnes non autochtones de plus de 45 ans déclarent être atteintes du diabète.

… et malgré des améliorations, la santé mentale a connu un recul après la récession

Près de 7 Canadiens sur 10 évaluent leur santé mentale à très bonne ou excellente. En 2001, plus de deux tiers des Canadiens (67,1 %) déclaraient que leur santé mentale était très bonne ou excellente, et en 2014, le pourcentage avait augmenté de 4 %, atteignant 71,1 %. Cependant, le pourcentage de personnes ayant une meilleure santé mentale avait en fait atteint un sommet de 74,8 % en 2007, et a diminué constamment après la récession de 2008. La diminution était évidente tant chez les hommes que chez les femmes, et était ressentie beaucoup plus par les personnes vivant dans des ménages à faible revenu.

Le tabagisme chez les adolescents a diminué considérablement…

En 2014, seulement 7,7 % des Canadiens âgés de 12 à 19 ans fumaient quotidiennement ou occasionnellement. Cela représente un taux de diminution de 171 %, par rapport au 20,9 % d’adolescents qui étaient fumeurs en 1994. Le changement était encore plus prononcé chez les jeunes femmes – à peine plus de 7 % déclaraient qu’elles fumaient en 2014.

… mais la promotion de la bonne santé est toujours un défi

Seulement 1 personne sur 3 se fait vacciner contre la grippe. Bien que le pourcentage de Canadiens se faisant vacciner contre la grippe ait augmenté de 6,7 % entre 2001 et 2014, le pourcentage global est toujours remarquablement bas – seulement environ un tiers (32,5 %) ont reçu leur vaccin contre la grippe en 2014. Les taux sont généralement supérieurs chez les femmes, et beaucoup plus élevés chez les Canadiens plus âgés – au-delà de la moitié des personnes âgées de plus de 65 ans (58,6%) se sont fait vacciner contre la grippe en 2014.

L’accès à un médecin de famille diminue. Bien que la majorité des Canadiens déclarent avoir un médecin régulier, depuis 1994, cette majorité diminue lentement. Près de 9 Canadiens sur 10 (88,6 %) avaient un médecin en 1994, mais ce nombre est passé à 85,1 % en 2014. Plus de résidents de l’Ontario et de toutes les provinces de l’Atlantique déclarent avoir un médecin régulier, comparativement aux provinces de l’Ouest. Cependant, on se préoccupe davantage qu’une majorité de résidents des Territoires du Nord-Ouest (58,1 %), et particulièrement du Nunavut (84,6 %), n’ont pas de médecin régulier. Ce manque d’accès dans le Canada nordique représente un sérieux écart de prestation de soins de santé.

Conclusion

Les progrès globaux du domaine Populations en santé sont positifs malgré les tendances en dents de scie depuis 1994 qui cachent des changements récents inquiétants relativement à la santé des Canadiens. L’espérance de vie continue d’augmenter, et le tabagisme chez les adolescents a chuté, mais les gains réalisés quant à la santé globale et la santé mentale sont retombés, particulièrement depuis la récession de 2008. Bien que la plupart des Canadiens jouissent d’une santé relativement bonne, près de 12 % des Canadiens – presque 3,5 millions de personnes – estiment que leur santé est mauvaise ou juste correcte.

Encore plus de Canadiens déclarent avoir une santé mentale très bonne ou excellente, mais le pourcentage de Canadiens dont la santé mentale est mauvaise ou satisfaisante a augmenté depuis la récession, atteignant plus de 6 % -- soit près de 2 millions de personnes. Par ailleurs, plus de Canadiens que jamais auparavant – 6,5 millions en 2014 – déclarent avoir une limitation liée à la santé qui les empêche de participer pleinement à la maison, au travail, à l’école ou à d’autres activités.

Bien que les gens doivent être proactifs en assumant la responsabilité de leur propre santé, en mangeant des aliments plus nutritifs, en faisant de l’exercice et en se faisant vacciner, les collectivités ont une responsabilité semblable, en devant assurer l’accès à ces aliments nutritifs, en élaborant et maintenant des environnements agréables et piétonniers, ainsi qu’en créant des conditions qui favorisent la santé de la population. Cependant, ce dont nous avons besoin le plus rapidement est des politiques ainsi que des programmes nouveaux et novateurs qui sont adaptés pour réduire les disparités relatives à l’état de santé pour différents groupes sociaux – particulièrement lorsqu’il s’agit des autochtones du Canada.

Des mesures de justice sociale axées sur l’équité s’imposent, un point vivement renforcé dans le rapport final de la Commission des déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé.[3] L’accent sur les déterminants sociaux de la santé – des facteurs comme le revenu, l’éducation, l’emploi, le logement, les liens sociaux et nos espaces communautaires – signifie une réflexion « en amont »[4] reconnaissant qu’il s’agit des conditions qui influent le plus sur notre santé et notre mieux-être. En élaborant des politiques qui s’efforcent de réduire les iniquités de ces conditions, nous pouvons créer des vies et des communautés plus en santé.


[3] Commission des déterminants sociaux de la santé. (2008). Combler le fossé en une génération : Instaurer l'équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux. Rapport final de la Commission des déterminants sociaux de la santé. Genève, Suisse : Organisation mondiale de la Santé.

[4] Meili, R. (2012). A healthy society: How a focus on health can revive Canadian democracy. Saskatoon, SK: Purich Publishing.

Populations en santé : indicateurs suivis de 1994 à 2014

  • Espérance de vie à la naissance, en années
  • Pourcentage de la population évaluant leur santé globale à très bonne ou excellente
  • Pourcentage de la population évaluant leur santé mentale à très bonne ou excellente
  • Pourcentage de la population n’ayant aucune limitation relative à la santé ou à l’activité
  • Pourcentage de fumeurs quotidiens ou occasionnels chez les adolescents âgés de 12 à 19 ans
  • Pourcentage de la population ayant déclaré être atteints de diabète
  • Pourcentage de la population s’étant fait vacciner au cours de la dernière année
  • Pourcentage de Canadiens ayant un médecin régulier

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