Le domaine Niveaux de vie examine les revenus moyens et médians des Canadiens, ainsi que la richesse, la répartition de ces revenus et de cette richesse, incluant les taux de pauvreté, les fluctuations et la volatilité des revenus. Il tient compte de la sécurité économique, notamment la sécurité du marché du travail, ainsi que la sécurité en matière de logement et d’alimentation.

Nos niveaux de vie doivent refléter notre capacité de transformer la croissance économique en flux stable de revenus actuels et futurs pour tous. La croissance économique ne se traduit pas automatiquement par de meilleurs niveaux de vie. Par exemple, on peut atteindre un revenu moyen plus élevé au coût d’une inégalité sociale ou d’une insécurité économique accrue. En revanche, le fait d’atteindre une meilleure qualité d’emploi, de réduire la pauvreté ainsi que d’offrir du logement de base abordable et la sécurité alimentaire aux personnes et aux familles accroîtra le mieux-être de tous.

Pas encore de rétablissement après le choc de la récession

​Les Niveaux de vie canadiens se sont améliorés considérablement entre 1994 et 2008. Malheureusement, la récession a déclenché un déclin abrupt duquel nous ne nous sommes pas encore rétablis. Plus que pour tout autre domaine du mieux-être, cette tendance révèle nettement la façon dont notre niveau de vie n’est pas nécessairement lié au rendement amélioré de l’ensemble de l’économie.

Tendances de Niveau De Vie graphique

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Les revenus familiaux sont supérieurs

Les revenus familiaux médians après impôt ont augmenté de près d’un tiers (29,9 %) de 1994 à 2014. En 1994, le revenu familial médian était de 55 500 $. En 2014, il était de 72 100 $.

Moins de Canadiens vivent dans la pauvreté…

Globalement, l’incidence de la pauvreté a diminué de 44 % entre 1994 et 2014. Les Canadiens les plus pauvres ont bénéficié de réelles augmentations du revenu durant la période, mais ces augmentations n’ont pas été ressenties également par tous. Les enfants, les familles à un parent seul – particulièrement celles qui sont dirigées par une femme –, les adultes âgés, les Autochtones et les personnes handicapées sont parmi les personnes qui sont toujours le plus à risque d’être en situation de pauvreté. En fait, malgré les changements du système d’imposition visant les aînés, le taux de pauvreté chez les personnes âgées du Canada a augmenté depuis les années 1990, et ici encore, il est plus élevé chez les femmes.[10]


[10] Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. (2010). Plan fédéral de réduction de la pauvreté : travailler en partenariat afin de réduire la pauvreté au Canada. Ottawa, ON : Communications Canada. Consulté à : http://www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?DocId=4770921&Language=F

… mais les inégalités s’accroissent

L’inégalité des revenus a augmenté de près de 10 % depuis 1994. La majorité de l’augmentation est survenue durant la période de 10 ans de 1994 à 2004, et l’inégalité est demeurée relativement inchangée depuis ce temps. Même si les revenus augmentent, les 20 % de Canadiens les plus riches ont reçu la part du lion. Selon le Conference Board du Canada, l'écart de revenu réel moyen après impôt entre les plus riches et les plus pauvres s'est accru de plus de 40 % entre 1994 et 2009.[11]


[11] Conference Board du Canada. (2011). Canadian income inequality. Is Canada becoming more unequal? Consulté à : http://www.conferenceboard.ca/hcp/hot-topics/caninequality.asp

L’accès à du logement abordable empire…

Les Canadiens consacrent une plus grande proportion de leur revenu à la satisfaction de leurs besoins en logement. Le logement est de moins en moins abordable pour les Canadiens, alors qu’ils consacrent une plus grande proportion de leur revenu net (après avoir payé d’autres nécessités comme la nourriture, les vêtements et la garde d’enfants) aux coûts associés à leurs besoins en logement. En 1994, les Canadiens consacraient 36,7 % de leur revenu net aux coûts de logement, un pourcentage qui a très peu varié jusqu’en 2003, lorsqu’il s’est élevé à 37,7 %. Le pourcentage a augmenté de nouveau après 2010, et en 2014, les Canadiens dépensaient 39,2 % de leur revenu net pour répondre à leurs besoins en logement. Malgré les augmentations des revenus familiaux, durant toute la période de 21 ans, les coûts de logement ont augmenté de 6,3 %.

C'est en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Colombie-Britannique que ces augmentations ont été ressenties le plus fortement par les résidents. Dans ces provinces, les coûts de logement ont excédé 40 % du revenu net. L’Alberta était la seule province où les résidents ont connu une baisse de leurs coûts de logement – de 36,6 % en 1994 à 33,4 % en 2014.[12]


[12] Smetanin, P., Moca, I., Yusuf, F., & Kobak, P. (2015). Understanding shelter affordability issues. Research Report Executive Summary. Toronto, ON: The Canadian Centre for Economic Analysis. Consulté à : http://www.cancea.ca/?q=node/96

… et l’insécurité alimentaire s’accroît

Plus de 2 millions de Canadiens éprouvent une insécurité alimentaire. Les données nationales fiables sur la sécurité alimentaire sont disponibles seulement depuis 2007, mais même durant cette courte période, le pourcentage de Canadiens éprouvant une insécurité alimentaire moyenne ou élevée a augmenté, passant de 7,1 % en 2007 à 7,7 % en 2014. Cette augmentation signifie qu’encore plus de Canadiens n’avaient pas accès à suffisamment d’aliments abordables et nutritifs.

L’insécurité alimentaire est la plus élevée au Nunavut et chez les parents seuls ayant de jeunes enfants. En 2012, plus d’un tiers de la population du Nunavut (36,7 %) éprouvait une insécurité alimentaire – plus de quatre fois la moyenne nationale. Les ménages dirigés par un parent seul ayant des enfants âgés de moins de 18 ans sont aussi à risque. Près du quart de ces ménages (22,6 %) éprouvent une insécurité alimentaire.[13] Et même si les enfants sont à plus haut risque de vivre dans la pauvreté, les adultes canadiens âgés de 18 ans et plus étaient plus susceptibles d’éprouver une insécurité alimentaire que les enfants.


[13] Roshanafshar, S., & Hawkins, E. (2015). Coup d’oeil sur la santé : L’insécurité alimentaire au Canada. Statistique Canada, No 82-624-X au catalogue. Ottawa, ON : Ministère de l’Industrie. Consulté à : http://www.statcan.gc.ca/pub/82-624-x/2015001/article/14138-fra.htm

Des signes troublants pour l’emploi depuis la récession

L’emploi précaire en hausse? Même si le pourcentage de la population en âge de travailler ayant un emploi a augmenté globalement de 5 % de 1994 à 2008, il a diminué après la récession et n’est toujours pas retourné aux niveaux d’avant la récession. L’emploi a atteint 63,4 % en 2008, en hausse par rapport à 58,4 % en 1994, mais est descendu à 61,5 % immédiatement après la récession et était toujours à 61,4 % en 2014.

Le retour du chômage à long terme. Bien que le chômage à long terme ne soit pas retourné aux niveaux du début des années 1990 lorsqu’il oscillait entre 15 % et 17 %, en 2014, 12,4 % des Canadiens étaient en chômage à long terme. Ce pourcentage a presque doublé depuis 2008, alors que le chômage à long terme était à 6,9 %. Les hommes, les travailleurs âgés et les personnes ayant un faible niveau de scolarité sont à plus haut risque de chômage à long terme.

La qualité de l’emploi se détériore. L'indice de qualité de l'emploi au Canada de la Banque CIBC a atteint un sommet en 2001, et puis a diminué lentement, diminuant de 2,4 % globalement de 1994 à 2014. Après 2008, coïncidant avec des niveaux inférieurs d’emploi, la qualité de l’emploi a diminué de 2 % en deux ans et est demeurée à ce niveau depuis ce temps.

Conclusion

En examinant les années entre 2008 et 2014, on constate que la récession et le rétablissement subséquent ont porté un très dur coup aux niveaux de vie des Canadiens. Plusieurs dimensions des Niveaux de vie des Canadiens se sont détériorées entre 1994 et 2014, particulièrement après la récession de 2008. Les Canadiens ont subi un accroissement des inégalités de revenus, une baisse de l’emploi, un chômage à long terme beaucoup plus élevé, ainsi qu’une sécurité réduite tant pour le logement que pour l’alimentation. Même si nous avons connu des réductions de la pauvreté considérables au cours de la période ainsi que des augmentations du revenu médian des familles économiques, les Canadiens les plus pauvres sont sans doute ceux qui ont été les plus touchés, alors que l’écart de revenu s’accroît et qu’ils accusent un retard encore plus important.

En omettant de réduire les inégalités de revenus, le Canada n’utilise pas les compétences et les aptitudes de ses citoyens à leur plein potentiel. Les inégalités de revenus affaiblissent la cohésion sociale, ce qui contribue à de plus fortes tensions sociales, particulière en périodes d’incertitude économique.[14] Peut-être plus important encore, les niveaux élevés d’inégalités de revenus soulèvent une question morale concernant la justice et l’équité, qui sont des valeurs canadiennes fondamentales.

Nous constatons l’impact des Niveaux de vie diminués dans d’autres domaines du mieux-être. La santé globale et la santé mentale des Canadiens se sont détériorées, la participation à de nombreuses activités culturelles et récréatives a diminué, la prestation de soutien aux autres dans le besoin s’est amoindrie, et le temps passé avec des amis s’est restreint. Ces tendances reflètent l’impact généralisé de la récession sur de nombreux aspects de la vie des Canadiens, alors qu’ils s’adaptent à des circonstances plus pénibles et doivent faire des choix plus difficiles.

À en juger par la croissance du PIB après la récession, qui a augmenté de 8,1 % entre 2008 et 2014, notre économie a rebondi. Cependant, nos niveaux de vie continuent de s’enliser. Les Niveaux de vie ont chuté de 11,6 % entre 2008 et 2011, et ont augmenté de seulement 0,7 % depuis 2011. Le contraste marqué entre le rétablissement de l’économie et nos Niveaux de vie souligne la mesure dans laquelle notre mieux-être et nos progrès vers une meilleure qualité de vie ne se reflètent pas dans le PIB.


[14] Wilkinson, R., & Pickett, K. (2010). The spirit level: Why equality is better for everyone. London: Penguin.

Niveaux de vie : indicateurs suivis de 1994 à 2014

  • Revenu médian après impôt des familles économiques ($ de 2013)
  • Pourcentage de personnes vivant dans la pauvreté en fonction du seuil de faible revenu (SFR)
  • Coefficient de Gini (écart de revenu)
  • Pourcentage de ménages éprouvant une insécurité alimentaire moyenne ou élevée
  • Abordabilité du logement selon le Shelter Consumption Affordability Ratio (SCAR)
  • Pourcentage de la population active ayant un emploi
  • Pourcentage de la population active étant en chômage à long terme
  • Indice de qualité des emplois de la CIBC (1994 IQ=100)

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