COMPASS Quebec

Les adolescents et la COVID-19: résultats préliminaires des enquêtes COMPASS 2020 dans 29 écoles secondaires de 3 Régions de l'Est-du-Québec

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Auteurs
Slim Haddad, MD, PhD
Professeur titulaire, Département de médecine sociale et préventive, Faculté de Médecine, Université Laval; Chercheur, Centre de recherche en santé durable de l’Université Laval (VITAM);
Médecin conseil à la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale.
Richard E Bélanger, MD
Pédiatre/Médecin de l’Adolescence, Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec-Université Laval;
Professeur agrégé, Département de pédiatrie, Faculté de Médecine, Université Laval;
Chercheur associé, Centre de recherche en santé durable de l’Université Laval (VITAM).
Claude Bacque Dion, MA
Coordonnatrice scientifique COMPASS-Québec.
Rabi Joël Gansaonré, MSc
Doctorant, Département de médecine sociale et préventive, Faculté de médecine, Université Laval;
Gestionnaire et analyste de données COMPASS-Québec.
Scott T Leatherdale, PhD
Investigateur principal, Projet COMPASS-Canada;
Professeur agrégé, School of Public Health and Health Systems, University of Waterloo, ON, Canada.
François Desbiens, MD, MPH
Professeur de clinique, Département de médecine sociale et préventive, Faculté de Médecine, Université Laval.
Août 2020

Financement
COMPASS-Québec bénéficie d’octrois de recherche et du soutien du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, Gouvernement du Québec, de l’Université Waterloo (Santé Canada – Instituts de Recherche en santé du Canada) et de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale.

Ce rapport présente les résultats de l’étude COMPASS-Québec 2020 réalisée dans 29 écoles secondaires de l’Est-du-Québec. COMPASS est un projet longitudinal multicentrique sur les réalités adolescentes au Canada. Il s’agit d’une des plus grandes plateformes populationnelles longitudinales sur la santé des adolescents dans le monde.

Le volet québécois associe des chercheurs de l’Université Laval, les milieux scolaires et les Directions régionales de santé publique de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches et du Saguenay-Lac-Saint-Jean1.

La ronde d’enquête de 2020 a été réalisée en mai-juin 2020, après la mise en oeuvre des mesures de confinement et la fermeture des écoles. La méthodologie de l’étude a été adaptée de manière à intégrer un volet « COVID-19 » destiné à mieux comprendre l’incidence de la pandémie sur les adolescents et assister le milieu scolaire et les équipes de santé publique dans la mise en oeuvre d’interventions de prévention-promotion adaptées à leurs besoins.

Les questions en lien avec la COVID-19 ont porté sur les cinq sphères suivantes :

  1. Connaissances de la COVID-19 et des gestes barrières;
  2. Attitudes vis-à-vis des mesures de prévention;
  3. Degré d’adoption des mesures de prévention recommandées;
  4. Degré d’adaptation à la situation créée par le confinement et la fermeture des écoles;
  5. Incidence de la COVID-19 sur la vie de tous les jours;
  6. Conséquences de la COVID-19 sur le bien-être, la consommation de substances psychoactives et la santé mentale.

La participation des écoles et des jeunes répondants à l’étude est volontaire. Tous les élèves de l’école sont invités à répondre aux questionnaires annuels. Plus de 6000 adolescents ont complété l’enquête en ligne. La révision des modalités du projet COMPASS et le contenu des questionnaires ont été approuvés par les comités d’éthique de référence.

L’échantillon comprend 6052 répondants (61% filles et 39% garçons, âge moyen de 15,8 ans). Le taux de refus actif à participer à l’enquête est de 1%. La proportion moyenne de répondants par école participante est de 43%. Les données ont été pondérées pour refléter les caractéristiques de la population à l’étude.

D’ici la rentrée scolaire, l’équipe COMPASS Québec fournira à chaque école participante un portrait des réponses des élèves de leur établissement. Le présent rapport permet de disposer d’une vue d’ensemble des réponses obtenues dans les écoles participantes. Les résultats reflètent la réalité des adolescents des écoles participantes à l’enquête COMPASS. Par conséquent, ceux-ci ne sont pas forcément représentatifs de la réalité de toutes les écoles.

Connaissances de la covid-19 et des gestes barrières

Proportion de jeunes ayant déclaré croire que:

  • se laver les mains vigoureusement prévient la transmission du virus : 73%
  • la COVID-19 est une maladie respiratoire infectieuse causée par une bactérie : 55%
  • les symptômes apparaissent entre 2 et 14 jours après exposition : 67%
  • la COVID-19 peut être transmise d’une personne à l’autre par contact de gouttelettes : 72%
  • la COVID-19 peut être transmise en touchant quelque chose/quelqu’un contaminé, puis en touchant son visage : 89%
  • l’utilisation d’une solution hydro-alcoolique (Purell©) pour le lavage des mains prévient la transmission du virus : 59%
  • lorsqu’une personne tousse, l’utilisation d’un masque peut réduire la transmission par gouttelettes : 67%
  • les individus infectés par la COVID-19 présentent toujours des symptômes : 5%
  • la COVID-19 est seulement dangereuse pour les personnes âgées : 12%
  • la COVID-19 représente peu de risques de complications pour les jeunes : 78%

Pour faire face à la Covid-19

Proportion de jeunes ayant déclaré :

  • être restés en contact avec leurs amis en ligne : 63%
  • avoir mangé de la nourriture de type « restauration rapide » : 14%
  • avoir fait de l’exercice : 51%
  • avoir communiqué avec des professionnels de la santé mentale : 3%
  • avoir rencontré leurs amis à l’extérieur : 28%
  • avoir essayé d’aider autrui : 19%
  • avoir gardé un horaire régulier : 30%
  • avoir passé du temps avec leur famille : 46%
  • avoir étudié ou fait des travaux scolaires : 57%
  • avoir passé du temps sur leurs écrans : 63%
  • avoir fumé des cigarettes : 1%
  • avoir vapoté : 6%
  • avoir consommé du cannabis : 2%
  • avoir consommé de l’alcool : 7%

Adoption des mesures préventives

Proportion de jeunes ayant déclaré :

  • avoir nettoyé/désinfecté les objets souvent touchés : 73%
  • avoir nettoyé leurs mains plus souvent qu’à l’habitude : 94%
  • avoir pris au sérieux les mesures gouvernementales pour diminuer la propagation de la COVID-19 : 95%
  • avoir annulé ou déplacé des sorties : 83%
  • avoir discuté des mesures préventives : 74%
  • avoir discuté des gestes à poser en cas d’infection : 64%
  • avoir évité les endroits achalandés : 89%

Effets du confinement

Proportion de jeunes ayant déclaré une augmentation :

  • de leurs communications en ligne avec leurs amis : 63%
  • de leur temps d’écran : 75%
  • de leur niveau d’activité physique : 30%
  • de leur temps de sommeil : 38%
  • de leur usage de cigarettes : 1%
  • de leur usage de cigarette électronique : 5%
  • de leur consommation d’alcool : 9%
  • de leur consommation de cannabis : 2%

Proportion de jeunes ayant déclaré :

  • avoir eu peur de prendre du retard dans leurs apprentissages scolaires : 69%
  • s’être bien entendu avec leur famille : 96%
  • s’être sentis nerveux en pensant aux circonstances du moment : 44%
  • s’être sentis inquiets pour leur propre santé ou celle de leur famille : 73%
  • s’être sentis inquiets quant à la situation financière familiale : 29%

Proportion de jeunes ayant déclaré une augmentation :

  • de leur niveau d’ennui : 67%
  • de leur niveau de stress : 25%
  • de leur solitude : 50%
  • de leur niveau de stress : 25%
  • de leur niveau d’anxiété : 24%

Différences selon le genre

Proportion de filles :

Proportion de garçons :

  • ayant déclaré qu’en cas
    de toux, l’utilisation d’un
    masque prévient la transmission
    par gouttelettes : 72%
  • ayant déclaré que se laver
    les mains prévient la transmission
    du virus : 78%
  • ayant déclaré que les gens
    infectés par la COVID-19
    présentent toujours des
    symptômes : 5%
  • ayant déclaré que la
    COVID-19 représente peu
    de risque de complications
    pour les jeunes : 77%
  • ayant nettoyé leurs
    mains plus souvent qu’à
    l’habitude : 96%
  • ayant pris au sérieux les
    mesures gouvernementales
    pour diminuer la propagation
    de la COVID-19 : 97%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur temps d’écran
    récréatif : 73%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur niveau
    d’activité physique: 32%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    temps de sommeil : 40%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette : 1%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette
    électronique : 5%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    consommation d’alcool : 10%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur consommation
    de cannabis : 2%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    solitude : 55%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    anxiété : 31%
  • ayant déclaré qu’en cas
    de toux, l’utilisation d’un
    masque prévient la transmission
    par gouttelettes : 64%
  • ayant déclaré que se laver
    les mains prévient la transmission
    du virus : 69%
  • ayant déclaré que les gens
    infectés par la COVID-19
    présentent toujours des
    symptômes : 6%
  • ayant déclaré que la
    COVID-19 représente peu
    de risque de complications
    pour les jeunes : 79%
  • ayant nettoyé leurs
    mains plus souvent qu’à
    l’habitude : 93%
  • ayant pris au sérieux les
    mesures gouvernementales
    pour diminuer la propagation
    de la COVID-19 : 94%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur temps d’écran
    récréatif : 78%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur niveau
    d’activité physique : 27%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    temps de sommeil : 37%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette : 1%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette
    électronique : 5%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    consommation d’alcool : 8%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur consommation
    de cannabis : 2%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    solitude : 43%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    anxiété : 15%

Différences selon le niveau de favorisation matérielle familiale

Proportion de jeunes issus d’un
milieu familial moins favorisé :

Proportion de jeunes issus d’un
milieu familial plus favorisé :

  • ayant déclaré qu’en cas
    de toux, l’utilisation d’un
    masque prévient la transmission
    par gouttelettes : 80%
  • ayant déclaré que se laver
    les mains prévient la transmission
    du virus : 86%
  • ayant déclaré que les gens
    infectés par la COVID-19
    présentent toujours des
    symptômes : 7%
  • ayant déclaré que la
    COVID-19 représente peu
    de risque de complications
    pour les jeunes : 77%
  • ayant nettoyé leurs
    mains plus souvent qu’à
    l’habitude : 93%
  • ayant pris au sérieux les
    mesures gouvernementales
    pour diminuer la propagation
    de la COVID-19 : 96%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur temps d’écran
    récréatif : 83%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur niveau
    d’activité physique : 26%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    temps de sommeil : 36%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette : 1%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette
    électronique : 6%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    consommation d’alcool : 6%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur consommation
    de cannabis : 3%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    solitude : 52%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    anxiété : 29%
  • ayant déclaré qu’en cas
    de toux, l’utilisation d’un
    masque prévient la transmission
    par gouttelettes : 81%
  • ayant déclaré que se laver
    les mains prévient la transmission
    du virus : 88%
  • ayant déclaré que les gens
    infectés par la COVID-19
    présentent toujours des
    symptômes : 6%
  • ayant déclaré que la
    COVID-19 représente peu
    de risque de complications
    pour les jeunes : 78%
  • ayant nettoyé leurs
    mains plus souvent qu’à
    l’habitude : 95%
  • ayant pris au sérieux les
    mesures gouvernementales
    pour diminuer la propagation
    de la COVID-19 : 95%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur temps d’écran
    récréatif : 84%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur niveau
    d’activité physique : 31%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    temps de sommeil : 38%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette : 1%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    usage de cigarette
    électronique : 5%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    consommation d’alcool : 10%
  • ayant déclaré une augmentation
    de leur consommation
    de cannabis : 2%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    solitude : 50%
  • ayant déclaré une
    augmentation de leur
    anxiété : 22%

Points saillants

Connaissances, attitudes, pratiques

  1. Les adolescents ont une bonne connaissance de la COVID-19 et des mesures de protection.
    • Ils savent en majorité qu’il est possible d’être atteint de la maladie tout en restant asymptomatique.
    • Ils connaissent les principaux modes de transmission et les mesures de protection efficace comme le lavage des mains, le port du masque et l’utilisation de solutions hydro-alcoolique
  2. Les adolescents ne banalisent pas les conséquences de la maladie.
    • Ils se disent en majorité préoccupés par leur santé et celle des membres de leur famille, et soucieux de ne pas prendre du retard dans leurs apprentissages scolaires. La moitié sont nerveux quand ils pensent à la situation actuelle.
  3. Les adolescents adoptent les mesures de prévention recommandées.
    • L’immense majorité dit prendre au sérieux les mesures dictées par les autorités. Les répondants évitent les endroits achalandés, annulent ou déplacent leurs sorties; ils se lavent les mains plus souvent et nettoient ou désinfectent les objets souvent touchés. Plus des deux tiers discutent avec leur famille, leurs amis ou des professionnels de la santé des mesures de prévention.

Impacts, adaptation, résilience

  1. Le confinement affecte fortement la vie des adolescents, mais tous ne réagissent pas de la même façon.
    • La majorité augmente son temps d’écran et les échanges en ligne avec les amis. Plusieurs peinent à conserver un horaire régulier. Certains font davantage d’exercice, d’autres moins. Un répondant sur deux s’est senti plus seul, les deux tiers ont vu leur niveau d’ennui augmenter. Les trois quarts des adolescents indiquent que leur anxiété n’a pas augmenté. Toutefois, certains groupes semblent avoir été davantage affectés. L’anxiété est plus prévalente chez les filles et les jeunes vivant dans des familles moins favorisées.
  2. Les adolescents s’adaptent généralement bien à la vie en confinement.
    • Les répondants disent en majorité bien s’entendre avec leur famille pendant le confinement et maintenir des liens avec leurs amis. La plupart continuent à étudier régulièrement. Un adolescent sur cinq se mobilise pour aider sa communauté.
  3. La consommation de substances psychoactives chez les adolescents n’augmente pas, comme on pouvait le craindre, en période de confinement.
    • Ni la consommation d’alcool ni celle de tabac, de cannabis ou de cigarette électronique n’a augmenté de manière tangible durant la période de confinement.

Les adolescents ont une bonne connaissance de la COVID-19 et des mesures de protection, ils paraissent en majorité responsables et respectueux des mesures de précaution mises en place. Ils ont été sensiblement affectés par la vie en confinement. Leurs réponses suggèrent qu’ils ont en majorité su s’y adapter.

Les résultats préliminaires présentés dans ce portrait sont observés avec régularité dans les 29 écoles participantes des trois zones d’étude. L’équipe COMPASS-Québec approfondira dans les mois à venir l’examen des besoins et des réponses des jeunes participants à l’enquête. Elle s’attachera notamment à rechercher des formes de vulnérabilités que ne révèlerait pas un portrait d’ensemble de la situation.

Références

1 COMPASS Health Canada : https://uwaterloo.ca/compass-system/compass-system-projects/compass-health-canada

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Usage de Cannabis par les jeunes du secondaire: Enquête COMPASS-Québec 2017 dans 11 écoles secondaires de la région de la Capitale-Nationale

Ce rapport présente les résultats de l’analyse des données de l’étude COMPASS-Québec 2017 portant sur l’usage de cannabis par les jeunes du secondaire dans 11 écoles de la région de la Capitale-Nationale.

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La pandémie de COVID-19 et l’évolution de l’usage de substances psychoactives d’adolescents. Une analyse des cohortes scolaires COMPASS-Québec (2019-2021)

Lien vers le rapport La pandémie de COVID-19 et l’évolution de l’usage de substances psychoactives d’adolescents. Une analyse des cohortes scolaires

Auteurs : Ève Bolduc, Claude Bacque Dion, Richard Bélanger & Slim Haddad

La consommation de substances psychoactives chez les adolescents

L’adolescence est une période d’expérimentation et plusieurs habitudes qui y sont adoptées influencent la vie adulte. Le contexte particulier associé à la pandémie de COVID-19 a potentiellement modifié les habitudes de consommation de substances psychoactives des jeunes. On sait que la consommation est influencée par le contexte social, le souhait de rehausser certaines expériences, les difficultés vécues (1), l’état de santé mental, les influences extérieures (amis, famille) et la disponibilité des produits (2). Des travaux ont récemment porté sur la consommation de substances psychoactives des adolescents dans les semaines et les mois suivant le début de la pandémie. Contrairement à ce que certains appréhendaient, une diminution de la consommation chez les jeunes a été rapportée au Canada (3, 4, et 5).

De quelles connaissances manque-t-on ?

La diminution de la consommation dans les mois ayant suivi le déclenchement de la pandémie de COVID-19 s’estelle poursuivie? Sommes-nous revenus aux niveaux d’avant la pandémie? L’évolution de la consommation plus d’un an après le début de la pandémie n’est pas encore établie. L’usage de substances a-t-il évolué différemment chez les filles et les garçons sachant que ces derniers tendent à consommer davantage? (6). Qu’en est-il des pratiques de consommation élevée et notamment, de l’usage quotidien de la cigarette ou de la cigarette électronique? Comment a pu évoluer la proportion de jeunes s’initiant à de nouvelles substances?

Quels sont les objectifs et méthodes ?

L’étude repose sur les données de l’étude longitudinale COMPASS au Québec. Le projet de cohorts scolaires COMPASSQuébec permet de dresser un portrait longitudinal de la santé et du bien-être des adolescents fréquentant les écoles secondaires publiques et privées des régions de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches et du Saguenay-Lac-St-Jean. Tous les jeunes des écoles participantes sont invités annuellement à compléter un questionnaire portant notamment sur leur santé et leurs pratiques de consommation de substances (7). La présente étude repose sur un devis transversal répété. L’analyse porte sur les données provenant des 25 écoles secondaires ayant participé aux trois rondes d’enquête de 2019, 2020, 2021. Le devis permet ainsi de comparer la consommation de substances avant la pandémie (mai 2019), quelques mois après le début de la pandémie, après que les écoles aient été fermées (avril-mai 2020) et enfin, un an après le début de celle-ci (mai 2021). L’échantillon ainsi constitué comprend 10 190 répondants en 2019, 3 830 en 2020 et 7 750 en 2021. Les consommations considérées sont l’usage de la cigarette, de la cigarette électronique et du cannabis et la consommation excessive d’alcool. Deux modes de consommation sont explorés : l’initiation à une substance (usage au moins une fois dans sa vie) ou son usage régulier (au moins mensuel dans le cas du cannabis), de l’usage excessif d’alcool (au moins 5 consommations lors d’un même épisode) et quotidien dans le cas de la cigarette et la cigarette électronique. Les proportions d’utilisateurs sont ajustées pour les principaux confondants (sexe, cycle scolaire, type d’école et niveau de défavorisation des familles des répondants) par régression multiple. Toutes les analyses sont réalisées avec le logiciel STATA17.

Quelles preuves ont été rassemblées ?

Initiation

L’initiation aux substances psychoactives au cours du premier intervalle (mai 2019 et avril-mai 2020) diminue chez les filles comme chez les garçons, quelle que soit la substance considérée (tableau 1). Elle semble ensuite augmenter un an après la pandémie, mais demeure dans tous les cas significativement en deçà des prévalences pré-pandémiques. L’écart est plus marqué chez les garçons (tableau 2), et la différence d’évolution est statistiquement significative pour toutes les substances. L’évolution se distingue entre les filles et les garçons pour la cigarette électronique et les épisodes de consommation excessive d’alcool, tandis que la différence d’évolution est plus limitée pour la cigarette et le cannabis.

TABLEAU 1. Prévalences ajustées d’adolescents déclarant s’être initié à la cigarette ou la cigarette électronique,
d’au moins une fois avoir bu une quantité excessive d’alcool ou déjà consommé du cannabis
TABLEAU 2. Différences d’évolution de l’initiation aux substances psychoactives entre filles et garçons
TABLEAU 2. Différences d’évolution de l’initiation aux substances psychoactives entre filles et garçons

Usage régulier

La proportion de jeunes consommant régulièrement (quotidiennement) la cigarette ou la cigarette électronique est fluctuante. Elle tend à diminuer sensiblement en 2020, comme pour les autres substances (tableaux 3 et 4). Sur l’ensemble de la période, l’usage régulier de la cigarette est stable dans les deux sexes, comme l’est la proportion de garçons déclarant utiliser régulièrement la cigarette électronique. En revanche, la proportion de jeunes filles rapportant un usage régulier de la cigarette électronique progresse substantiellement dans le même intervalle; passant de 4,8% à 7,7% (+2,9% ; IC95 1,1%-4,7%). La consommation excessive d’alcool et l’usage régulier de cannabis évoluent similairement à l’initiation chez les filles comme chez les garçons (diminution en 2020, puis augmentation en 2021).

TABLEAU 3. Prévalences ajustées d’adolescents déclarant consommer régulièrement la cigarette,
la cigarette électronique, du cannabis ou avoir consommé de l’alcool
TABLEAU 4. Différences d’évolution de la consommation régulière de substances psychoactives
entre filles et garçons

Que conclure ?

Cette étude de cohorte porte sur l’évolution de l’usage de substances psychoactives à trois période-clé ; l’une precede la pandémie, deux lui sont contemporaines. Le devis permet ainsi d’apprécier les changements observés dans les pratiques de consommation des jeunes et fournir de premiers éléments de réponse aux interrogations portant sur l’évolution de la consommation de substances depuis le début de la pandémie. L’étude présente toutefois des limites. Beaucoup de changements sont survenus pendant les 24 mois de la fenêtre d’observation et il est difficile d’établir une correspondance précise entre les réponses des jeunes, le cours de la pandémie et les mesures de santé publiques mises en oeuvre, comme le confinement, la fermeture ou la réouverture des écoles, ou le retrait d’élèves lors d’éclosions. Les circonstances particulières rencontrées lors de la ronde du printemps 2020 ont conduit l’équipe à modifier le processus de collecte et secondairement, à une diminution de la participation des jeunes. Bien que les échantillons aient été pondérés et analysés en conséquence, un biais de sélection n‘est pas exclu. Les estimés de consommation sont ajustés pour les principaux confondants connus, mais une confusion résiduelle demeure possible. Enfin, les résultats observés dans cette cohorte d’écoles situées dans trois régions de l’Est-du-Québec reste à confirmer dans d’autres contextes.

La quasi-totalité des indicateurs considérés confortent l’idée d’une réduction de l’initiation et de la consommation régulière de substances psychoactives lors de la ronde de 2020, alors que le Québec était confiné et les écoles secondaires fermées. On se situait donc dans une période particulière où les opportunités de consommer étaient limitées par la réduction des interactions sociales et l’accessibilité aux substances.

La consommation des jeunes tend à fluctuer au gré des contraintes qui pèsent sur l’accès aux substances et leurs interactions avec leurs pairs. L’un des défis consiste à continuer de favoriser ces interactions sans qu’elles ne favorisent la consommation (8), voire à ce qu’elles puissent constituer un levier pour soutenir les actions de protection de la santé des jeunes. L’usage de la cigarette électronique obéit à une dynamique propre. La proportion de jeunes utilisant régulièrement la cigarette électronique est à nouveau en hausse en 2021, notamment chez les filles. Ce résultat confirme la popularité de la cigarette électronique chez les jeunes (9). Près d’un adolescent sur six l’utilise à chaque jour alors même que

le contexte particulier des deux dernières années a conduit à une stabilisation, voire une diminution de l’usage des autres substances. Les garçons sont reconnus pour leur plus grande propension à s’exposer et à prendre des risques (6). Cette étude suggère toutefois que ces derniers auraient connu une baisse de consommation plus importante que les filles, ce qui les place à des prévalences d’initiation inférieures aux filles en 2020 et 2021. D’autres recherches sont toutefois à envisager pour mieux qualifier ces changements et mieux comprendre comment évoluent les vulnérabilités des adolescentes et des adolescents.

Bibliographie

1. Kuntsche, E. K. (2005). Why do young people drink? A review of drinking motives. Retrieved from Clinicalpsychology review: https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1016/j.cpr.2005.06.002

2. Zuckermann, A. W. (2020). Prevalence and correlates of youth poly-substance use in the COMPASS study. Retrieved from Addictive behaviors: https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1016/j.addbeh.2020.106400

3. Hawke, L. D. (2020). Impacts of COVID-19 on Youth Mental Health, Substance Use, and Well-being: A Rapid Survey of Clinical and Community Samples. Retrieved from Canadian journal of psychiatry: https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1177/0706743720940562

4. Dumas, T. M. (2020). What Does Adolescent Substance Use Look Like During the COVID-19 Pandemic? Examining Changes in Frequency, Social Contexts, and Pandemic-Related Predictors. Retrieved from The Journal of adolescent health : official publication of the Society for Adolescent Medicine: https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1016/j.jadohealth.2020.06.018

5. Leatherdale, S. T. (2021). Examining the impact of the early stages of the COVID-19 pandemic period on youth cannabis use: adjusted annual changes between the pre-COVID and initial COVID-lockdown waves of the COMPASS study. Retrieved from BMCpublic health: https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1186/s12889-021-11241-6

6. Gagnon H., R. L. (2010). L’usage de substances psychoactives chez les jeunes Québécois. Retrievedfrom Institut national de Santé publique du Québec: https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1102_UsageSubsPsychoativesJeunes.pdf

7. Leatherdale ST, B. K. (2014). The COMPASS study: a longitudinal hierarchical research platform for evaluating natural experiments related to changes in school-level programs, policies and built environment resources. Retrieved from BMC PubHealth: https://doi.org/10.1186/1471-2458-14-331

8. Orben, A. T. (2020). The effects of social deprivation on adolescent development and mental health. Retrieved from The Lancet. Child & adolescent health:https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1016/S2352-4642(20)30186-3

9. Cole, A. G., Aleyan, S., Battista, K., & Leatherdale, S. T. Trends in youth e-cigarette and cigarette use between 2013 and 2019: insights from repeat crosssectional data from the COMPASS study. 2021.<https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.17269/ s41997-020-00389-0>.

Affiliations

Ève Bolduc, Dr Slim Haddad & Dr Richard Bélanger, Faculté de médecine, Université Laval et Centre de recherche VITAM. Claude Bacque Dion, Centre de recherche VITAM.

L’évolution de la santé mentale des adolescents au cours de la pandémie COVID-19. Une analyse des cohortes scolaires COMPASS-Québec

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Auteurs : Maxime Giroux, Claude Bacque-Dion, Richard Bélanger & Slim Haddad

Faits saillants

La proportion d’adolescents présentant des symptômes dépressifs significatifs, un niveau d’anxiété modéré à sévère ou se disant moins épanouis, est en augmentation.

Cette augmentation concerne les différents groupes de jeunes, mais elle affecte particulièrement les filles, les adolescents du second cycle, ceux issus de milieux plus défavorisés ou dont la vie familiale a été décrite comme moins heureuse.

La santé mentale des adolescents

Les problématiques de santé mentale représentent une cause élevée de morbidité et de mortalité à l’adolescence (1). Des travaux suggèrent que la pandémie actuelle de COVID-19 pourrait avoir exacerbé certaines conditions préexistantes (2) ou même provoqué l’apparition de difficultés de santé mentale chez la population adolescente (3). Certaines caractéristiques personnelles, scolaires ou familiales pourraient prédire une hausse des problèmes de santé mentale chez certains adolescents (4).

De quelles connaissances manque-t-on ?

Comment a évolué l’état de santé mentale des adolescents au cours des premiers 18 mois de la pandémie de COVID-19 ? Certains groupes de jeunes seraient-ils davantage affectés ?

Quels sont les objectifs et les méthodes ?

L’étude repose sur les données de l’étude longitudinale COMPASS au Québec. Le projet de cohortes scolaires COMPASS-Québec permet de dresser un portrait longitudinal de la santé et du bien-être des adolescents fréquentant des écoles secondaires des régions de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Tous les jeunes des écoles participantes sont invités annuellement à compléter le questionnaire en ligne COMPASS.

La présente étude porte sur les données provenant des 25 écoles ayant participé aux cycles d’enquête de 2019, 2020 et 2021. Le devis permet ainsi de rendre compte des réponses avant la pandémie (mars-mai 2019), quelques mois après son début (mai 2020) et un an plus tard (mai 2021). L’échantillon comprend 10 727 répondants en 2019, 4 695 en 2020 et 8 462 en 2021.

Les mesures de santé mentale sont auto-rapportées. Les 3 indicateurs figurant dans cette étude sont, la présence : (i) de symptômes dépressifs significatifs (un score supérieur ou égal à 10 au Centre For Epidemiological Studies Depression Scale Revised (Patte et al., 2017); (ii) d’un niveau d’anxiété modéré ou sévère (un score supérieur ou égal à 10 au Generalized Anxiety Disorder 7 (Patte et al., 2017); (iii) d’un niveau d’épanouissement limité (un score inférieur ou égal à 31 au Flourishing Scale (Patte et al., 2017). La proportion annuelle de jeunes présentant chacune de ces conditions a été ajustée pour les principaux confondants connus (sexe, cycle scolaire, type d’école, programme d’études, niveau de défavorisation des familles, présence d’une vie familiale heureuse). L’ajustement a été réalisé par modélisation statistique (régressions de Poisson). Toutes les analyses ont été réalisées avec le logiciel STATA17.

Résultats

Évolution des indicateurs de santé mentale

La proportion de jeunes présentant des difficultés de santé mentale décroît légèrement en 2020, puis augmente sensiblement en 2021 (Figure 1). La présence de symptômes dépressifs significatifs augmente de 7,3 points de pourcentage (IC : 4,5 %-10,0 %) entre l’année précédant la pandémie et la suivante, tandis que l’anxiété modérée ou sévère croit de 6,8 % (IC : 5,2 %-8,5 %).

FIGURE 1. Évolution des indicateurs de santé mentale

Évolution selon les caractéristiques des répondants

Les résultats étant très similaires entre les trois indicateurs de santé mentale utilisés, les statistiques présentées dans cette section se restreignent à l’évolution de la proportion de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs.

TABLEAU 1. Proportions* de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs selon les caractéristiques des répondants

Le tableau 1 suggère que les filles et les jeunes du second cycle montraient déjà des signes d’une plus grande vulnérabilité avant la pandémie. Ces vulnérabilités se sont exacerbées par la suite. En 2021, la moitié des répondantes présentent des symptômes dépressifs significatifs (50,5 %; soit une hausse significative de 9,9 points de pourcentage entre le début et la fin de la période d’étude), et elles sont deux fois plus nombreuses que les garçons (24,8 %; une hausse de 4,2 points de pourcentage sur la période).

Plus de 40 % des répondants de 3ème, 4ème ou 5ème secondaire présentent des symptômes dépressifs significatifs alors qu’ils sont 33,9% parmi ceux du premier cycle. La progression entre le début et la fin de la période d’étude est toutefois assez comparable entre jeunes du second cycle (+ de 6,9 points de pourcentage) et du premier cycle (+ 7,7 points de pourcentage).

TABLEAU 2. Proportions* de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs selon l’environnement scolaire et l’environnement familial du répondant

Le tableau 2 suggère que la présence de symptômes dépressifs significatifs est en hausse chez les jeunes provenant de familles moins défavorisées (IC : 3,9 %-9,6 %) et de familles plus défavorisées (IC : 5,4 %-12,1 %) de même que les adolescents qui décrivent leur famille comme plus heureuse (IC : 4,3 %-9,7 %) ou moins heureuse (IC : 3,8 %-12,9 %). En sorte qu’en fin de période, un an après le début de la pandémie, plus de quatre-cinquième des jeunes issus de familles plus défavorisées (43 %) et plus des deux tiers (73 %) des répondants qui estiment que leur vie familiale est moins heureuse, présentent des symptômes dépressifs significatifs.

L’augmentation de la présence de symptômes dépressifs significatifs affecte autant les jeunes des écoles publiques (IC : 4,1 %-10,1 %), des écoles privées (IC : 5,4 %-13,5 %) que ceux inscrits dans des programmes réguliers (IC : 5,1 %-9,9 %). La progression n’est toutefois pas statistiquement significative dans le groupe des jeunes inscrits dans des programmes de sport-études (IC : -2,5 %-14,5 %).

Limites

Le plan de recherche n’est pas propice à des interprétations causales et incite à de inférences prudentes. De nombreux événements se sont produits pendant les 24 mois de la fenêtre d’observation et il est difficile d’établir une correspondance précise entre les réponses des jeunes, le cours de la pandémie et les mesures de santé publique mises en œuvre. En second lieu, les circonstances particulières rencontrées lors de la ronde du printemps 2020 ont conduit l’équipe à modifier le processus de collecte et conséquemment, à une diminution de la participation des jeunes. Bien que les échantillons aient été pondérés et analysés en conséquence, un biais de sélection n‘est pas exclu. Troisièmement, les estimateurs sont ajustés pour les principaux confondants connus, mais une confusion résiduelle demeure possible. Enfin, les résultats observés dans cette cohorte d’écoles situées dans trois régions de l’Est-du-Québec resteraient à confirmer dans d’autres contextes.

Que conclure ?

Davantage de jeunes parmi nos participants présentent des difficultés de santé mentale, que l’on considère la présence de symptômes dépressifs significatifs, la présence d’un niveau d’anxiété modéré ou sévère, ou encore, d’un niveau d’épanouissement limité. Ces résultats sont observés quel que soit l’âge et le sexe des répondants, qu’ils soient scolarisés dans le public ou dans le privé, qu’ils viennent de milieux plus ou moins défavorisés, ou encore, qu’ils estiment avoir une vie familiale plus ou moins heureuse. L’exacerbation des difficultés de santé mentale observée chez les groupes déjà connus pour leur vulnérabilité – jeunes filles, adolescents issus de familles plus défavorisées ou exposés à un   environnement   familial   moins   soutenant   –   est particulièrement préoccupante et mérite une attention particulière.

Bibliographie

1. Chun, T. H., Duffy, S. J., & Linakis, J. G. (2013). Emergency department screening for adolescent mental health disorders: the who, what, when, where, why, and how it could and should be done. Clinical pediatric emergency medicine, 14(1), 3-11.

2. Golberstein, E., Wen, H., & Miller, B. F. (2020). Coronavirus disease 2019 (COVID-19) and mental health for children and adolescents. JAMA pediatrics, 174(9), 819-820.

3. Hawke, L. D., Barbic, S. P., Voineskos, A., Szatmari, P., Cleverley, K., Hayes, E., ... & Henderson, J. L. (2020). Impacts of COVID-19 on Youth Mental Health, Substance Use, and Well-being: A Rapid Survey of Clinical and Community Samples: Répercussions de la COVID-19 sur la santé mentale, l’utilisation de substances et le bien-être des adolescents: un    sondage    rapide    d’échantillons     cliniques et communautaires. The Canadian Journal of Psychiatry, 65(10), 701-709

4. Magson, N. R., Freeman, J. Y., Rapee, R. M., Richardson, C. E., Oar, E. L., & Fardouly, J. (2021). Risk and protective factors for prospective changes in adolescent mental health during the COVID-19 pandemic. Journal of youth and adolescence, 50(1), 44-57.

L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes en temps de pandémie. Une analyse de cohortes scolaires COMPASS-Québec de 2018 à 2021

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Faits saillants

L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes a diminué depuis le début de la pandémie, mais la proportion d'usagers quotidiens demeurent stable.

Les usagers quotidiens affirment en majorité avoir augmenté leur consommation dès le début de la pandémie.

Moins de jeunes estiment que la cigarette électronique n’entraîne aucun ou qu'un léger risque pour la santé.

En 2021, les sources d’approvisionnement des produits de vapotage sont diverses, mais surtout axées sur l’achat lorsque la fréquence d’usage augmente.

Contexte

Des travaux récents ont suggéré que l’usage de la cigarette électronique aurait diminué dans les mois ou l’année suivant le déclenchement de la pandémie [1]. Si elle se confirmait, cette évolution correspondrait à une inflexion de la tendance à la hausse du vapotage observée dans la dernière décennie au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde [2].

Les jeunes canadiens disent principalement utiliser la cigarette électronique parce qu’ils l’apprécient, parce qu’ils veulent l’essayer ou parce qu’ils y voient un moyen de réduire leur niveau de stress [3]. L’âge, le sexe, l’environnement social et la perception d’un risque pour la santé exercent une influence reconnue sur l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes [4]. Il est possible qu’une offre plus limitée ou moins accessible en début de pandémie, au moment où les écoles ont été fermées [4], ait pu contribuer à freiner l’usage de la cigarette électronique.

Problématiques actuelles

Comment a évolué l’usage de la cigarette électronique après que les mesures de restriction initiales aient été allégées et que les jeunes aient pu reprendre le chemin de l’école? Jusqu’à quel point les jeunes associent-ils l’usage de la cigarette électronique à un risque pour leur santé au travers de la pandémie? Quelles sont les sources d’approvisionnement des jeunes durant cette période? Que disent les jeunes de l’influence de la situation vécue sur leur consommation de substances?

Méthodes

L’analyse est basée sur les données de l’étude longitudinale COMPASS au Québec [5]. Le devis d’étude repose sur une analyse transversale répétée dans 31 écoles1  ayant participé aux rondes d’enquête de 2018, 2019 et 2021. Les adolescents des écoles participantes complètent à chaque ronde un questionnaire sur leurs comportements et habitudes de vie. L’échantillon de répondants comprend respectivement 15 209, 16 042 et 14 062 jeunes.

Les mesures de consommation portent sur l’initiation à la cigarette électronique (usage à vie) et son usage dans les 30 derniers jours. Considérant le nombre de jours la cigarette électronique a été utilisée au cours du dernier mois, on distingue entre usage quotidien, régulier (6 à 29 jours) et occasionnel (1 à 5 jours). La perception du degré de risque pour la santé associé à l’usage régulier de cigarette électronique comprend trois modalités : « aucun/léger risque », « risque modéré » ou « grand risque ». La ronde de 2021 inclut des questions sur les sources d’approvisionnement, les raisons pour lesquelles les jeunes utilisent la cigarette électronique, et l’influence de la pandémie sur leur consommation. Une échelle multiple reflète le degré d’adaptation des jeunes à la pandémie2. Les statistiques sont présentées par année. Les proportions fournies sont ajustées pour l’âge et le sexe après pondération de l’échantillon afin de tenir compte des taux de réponse par école, selon l’âge et le sexe. Toutes les analyses sont réalisées avec le logiciel STATA17.

Les 31 écoles participantes proviennent de trois régions socio-sanitaires : Capitale-Nationale (21 écoles, 32 670 répondants), Chaudière-Appalaches (4 écoles, 6 405 répondants) et Saguenay-Lac-Saint-Jean (6 écoles, 6 237 répondants). Deux des 31 écoles sont des écoles privées et 4 n’offrent qu’une scolarité de premier cycle (première et deuxième année secondaire). Le nombre médian de répondants par école est de 404 lors de la ronde de 2018, 417 lors en 2019 et 366 en 2021. Les principales caractéristiques des répondants de chaque ronde sont présentées au tableau 1.

1. Critères d’inclusion des écoles : participation aux 3 rondes d’étude et un taux de participation de plus de 20%. En raison d’un nombre réduit d’écoles participantes lors de la ronde de 2020, réalisée deux mois après le début de l’épidémie, l’étude se restreint aux rondes de 2018, 2019 et 2021.

2. L’échelle est bâtie par agrégation sommative des réponses à 6 questions dans lesquelles le jeune doit se prononcer sur sa nervosité en pensant à la situation actuelle, le fait qu’il est calme et détendu, son inquiétude pour sa santé et celle des membres de sa famille, le fait qu’il se sente stressé de quitter sa maison et sa peur de prendre du retard dans ses apprentissages scolaires. Les répondants sont réunis en trois groupes de taille équivalente selon la valeur du score d’adaptation (groupes moins bien adapté, intermédiaire, mieux adapté).

Tableau 1. Échantillons d’analyse - Rondes de 2018, 2019,2021

Preuves rassemblées

Profil de consommation

La proportion ajustée de jeunes déclarant avoir déjà essayé la cigarette électronique est en baisse en 2021 et se situe en deçà même des niveaux de 2018 (Figure 1). Ces résultats confortent les observations réalisées en début de pandémie suggérant une réduction du nombre de jeunes s’étant initiés à la cigarette électronique [1].

Figure 1. Initiation* à la cigarette électronique selon le cycle scolaire - Rondes de 2018, 2019 et 2021

Un répondant sur cinq déclare avoir utilisé la cigarette électronique dans le mois précédent la troisième ronde d’enquête (Figure 2). L’usage dans les 30 jours est également en baisse en 2021, notamment chez les jeunes du second cycle (Tableau 2). Il y a moins d’usagers réguliers et occasionnels (-11 points de pourcentage) par rapport à la dernière ronde réalisée avant la pandémie - 2019. En revanche, il n’y a pas de diminution de la proportion de jeunes rapportant un usage quotidien.

Figure 2. Profil de consommation de la cigarette électronique - Rondes de 2018, 2019 et 2021
Tableau 2. Profil de consommation de la cigarette électronique selon le cycle d’étude - Rondes de 2018, 2019, 2021

L’utilisateur quotidien de cigarette électronique est typiquement plus âgé, il est moins enclin à associer la cigarette électronique à un danger pour la santé et il se sent moins proche de son école (Tableau 3). Il a presque 10 fois plus de chance de s’être initié à la cigarette et il tend plutôt à vivre dans une famille moins défavorisée. Ces portraits sont relativement comparables d’une ronde à l’autre.

Tableau 3. Caractéristiques des répondants selon leur profil de consommation - Ronde d’étude de 2021

Risque pour la santé associé à l’usage régulier de la cigarette électronique

Pour plus de 80% des répondants, l’usage régulier de la cigarette électronique expose à un risque modéré ou à un grand risque pour la santé (Figure 3). Ceux qui estiment que cette pratique n’expose à aucun risque ou un risque faible sont de moins en moins nombreux ; ils ne sont plus que 16% lors de la dernière ronde.

La sensibilité des jeunes aux dangers de la cigarette électronique progresse année après année, quel que soit le profil d’utilisation (Figure 4). Par ailleurs, plus on vapote fréquemment et moins on tend à y associer un grand risque pour la santé. Alors que près d’un jeune sur trois associe le vapotage régulier à un grand risque pour la santé (29%), ils ne sont qu’un sur six à le penser chez les utilisateurs quotidiens (14% - valeurs ajustées en 2021).

Figure 3. Risque pour la santé associéà l’usage régulier de la cigarette électronique -Rondes de 2018, 2019 et 2021
Figure 4. Proportion de jeunes pour qui vapoter régulièrement comporte un grand risque pour la santé selon leur profil de consommation - Rondes de 2018, 2019 et 2021

Raisons pour lesquelles la cigarette électronique est utilisée

Les usagers occasionnels s’adonnent principalement à la cigarette électronique par curiosité alors que les usagers réguliers, et plus encore les usagers quotidiens le font principalement pour les effets que procure la nicotine (Tableau 4). Un usager quotidien sur deux indique recourir à la cigarette électronique pour relaxer ou diminuer le stress. L’attrait des saveurs est invoqué une fois sur trois et pouvoir fumer là où la cigarette n’est pas permise l’est une fois sur cinq. À l’exception des utilisateurs quotidiens de cigarette électronique, la proportion d’utilisateurs vapotant pour arrêter de fumer la cigarette est insignifiante.

Tableau 4. Raisons pour lesquelles la cigarette électronique est utilisée* - Ronde de 2021

Sources d’approvisionnement en période pandémique

On se procure principalement les produits de vapotage en les achetant. (Tableau 5). L’achat est effectué par le jeune lui-même, ou plus souvent, par l’intermédiaire d’un tiers. Dans près d’un cas sur trois, pods et e-liquids sont offerts par un membre de la famille ou un ami. Très peu de jeunes usagers rapportent l’achat par Internet comme source d’approvisionnement. Les utilisateurs réguliers ou quotidiens tendent davantage à acheter/payer pour leurs produits de vapotage alors que les utilisateurs occasionnels se les font plutôt offrir par leur entourage (Figure 5).

Tableau 5. Source d’approvisionnement en produits de vapotage - Ronde de 2021*
Figure 5. Source d’approvisionnement en produits de vapotage selon le profil de consommation des répondants**
- Ronde de 2021

Adaptation au contexte pandémique et usage de la cigarette électronique

À la question « Dans quelle mesure ta vie a-t-elle changé en raison de la COVID-19? », 41% des usagers de cigarette électronique répondent que leur consommation est demeurée la même; 49% indiquent qu’elle a augmenté et 11% qu’elle a diminué. Les réponses varient toutefois avec la fréquence d’utilisation (Tableau 6). La majorité (70%) des utilisateurs quotidiens rapportent que leur consommation de cigarette électronique a augmenté. Ils ne sont que 58% parmi les utilisateurs réguliers et moins d’un sur quatre parmi les utilisateurs occasionnels. Le tableau 7 rend compte du degré d’adaptation des jeunes selon leur profil de consommation. Les jeunes déclarant avoir utilisé la cigarette électronique dans les 30 derniers jours tendent à être surreprésentés dans le groupe de répondants s’étant moins bien adapté à la pandémie et conséquemment, sous-représentés dans le groupe des jeunes s’étant mieux adapté.

Tableau 6. Influence de la COVID-19 sur l’usage de la cigarette électronique - Ronde de 2021
Tableau 7. Profil d’utilisation de la cigarette électronique selon le degré d’adaptation à la pandémie - Ronde de 2021

Limites

La ronde de 2021 a dû être réalisée en ligne. Même si le taux de participation des jeunes se situe à un niveau relativement élevé pour ce type d’enquêtes (moyenne de 78% ; médiane 85%), il varie selon les écoles et demeure en deçà de celui des rondes précédentes. Les échantillons ont été pondérés en conséquence, mais un biais de sélection ne peut être exclu. Deuxièmement, plusieurs changements sont survenus durant la période d’observation, limitant ainsi la capacité à identifier précisément l’origine des changements observés dans l’usage de la cigarette électronique et requérant de prudentes interprétations. Enfin, les résultats observés dans cette cohorte d’écoles situées dans trois régions de l’Est-du-Québec ne sont pas nécessairement illustratifs de la diversité des évolutions pouvant être rencontrées. Les tendances rapportées ici, devront être confirmées par les équipes COMPASS des autres provinces et d’autres recherches longitudinales indépendantes.

Que conclure ?

L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes est à la baisse depuis le début de la pandémie. Les jeunes sont globalement moins nombreux à s’être initiés à la cigarette électronique et à l’avoir utilisée dans le dernier mois.

La diminution de l’utilisation de la cigarette électronique observée en 2021 s’accompagne d’une possible réduction des possibilités de vapoter en groupe et d’un accès plus limité aux produits de vapotage[6]. Les jeunes apparaissent par ailleurs plus sensibles aux dangers de la cigarette électronique et il n’est pas exclu qu’au- delà du contexte particulier créé par la pandémie, cette prise de conscience ait pu jouer un rôle dans la baisse de consommation observée.

La part des usagers quotidiens n’a pas diminué d’une année à l’autre ; elle se situe aux environs de 7%. Comme les autres utilisateurs de cigarette électronique, les usagers quotidiens sont surreprésentés parmi les jeunes s’étant moins bien adaptés à la pandémie. Plus des deux tiers d’entre eux disent avoir augmenté leur consommation depuis la survenue du Sars-Cov-2.

Bibliographie

  1. Hopkins DB, Al-Hamdani M. Young Canadian e-Cigarette Users and the COVID-19 Pandemic: Examining Vaping Behaviors by Pandemic Onset and Gender. Front Public Health. 2021;8:1083.
  2. National Academies of Sciences, Engineering, and Med- decine 2018. Public Health Consequences of E- Cigarettes. Washington, DC: The National Academies Press. https://doi.org/10.17226/24952
  3. Government of Canada SC. The Daily Canadian Tobacco and Nicotine Survey, 2020 [Internet]. 2021 [cité 22 déc 2021]. Disponible sur: https://www150.statcan. gc.ca/n1/daily-quotidien/210317/dq210317b-eng. htm
  4. Stokes AC. Declines in Electronic Cigarette Use Among US Youth in the Era of COVID-19—A Critical Opportunity to Stop Youth Vaping in Its Tracks. JAMA Netw Open. 1 déc 2020;3(12):e2028221.
  5. COMPASS [Internet]. Compass System. 2015 [cité 13 déc 2021]. Disponible sur: https://uwaterloo.ca/ compass-system/home
  6. Dumas TM, Ellis W, Litt DM. What Does Adolescent Substance Use Look Like During the COVID-19 Pandemic? Examining Changes in Frequency, Social Contexts, and Pandemic-Related Predictors. J Ado- lesc Health. 1 sept 2020;67(3):354-61.

Citation suggérée

Gozo JJC, Bélanger RE, Bacque Dion C, Fortier G, Angoa G, Gansaonre RJ, Haddad S. L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes en temps de pandémie : analyse des cohortes scolaires COMPASS-Québec de 2018 à 2021. Centre de recherche VITAM. Québec, février 2022.

Auteurs

Jean-Jonathan Cocou Gozo, MD, M.Sc.

Professionnel de recherche, COMPASS-Québec.

Slim Haddad, MD, PhD

Professeur titulaire, Département de médecine sociale et préventive, Faculté de Médecine, Université Laval; Médecin conseil à la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale;

Chercheur, Centre de recherche en santé durable (VITAM).

Richard E Bélanger, MD

Pédiatre/Médecin de l’Adolescence, Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec; Professeur agrégé, Département de pédiatrie, Faculté de Médecine, Université Laval; Chercheur associé, Centre de recherche en santé durable (VITAM).

Claude Bacque Dion, MA

Coordonnatrice scientifique, COMPASS-Québec.

Gabrielle Fortier

Étudiante, Faculté de médecine, Université Laval.

Georgina Angoa, MD, M.Sc.

Professionnelle de recherche, COMPASS-Québec.

Rabi Joël Gansaonré, M.Sc.

Doctorant, Faculté de médecine, Université Laval; Gestionnaire et analyste de données, COMPASS-Québec.

Financement

COMPASS-Québec bénéficie d’octrois de recherche et du soutien du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, du Gouvernement du Québec, de l’Université Waterloo (Santé Canada – Instituts de Recherche en santé du Canada) et de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale.

Préoccupations environnementales et implication des adolescents dans la lutte aux changements climatiques. Une analyse de la cohorte scolaire COMPASS-Québec 2022

Auteurs :

Gabrielle Fortier, Anne-Marie Turcotte-Tremblay, Claude Bacque Dion, Rabi Joel Gansaonré, Richard Bélanger & Slim Haddad

Faits saillants

  • Les préoccupations environnementales interfèrent avec le sommeil ou les travaux d’environ un jeune sur dix. Un jeune sur deux ne s’implique pas dans la réduction des changements climatiques.
  • Le sentiment de pouvoir agir contre les changements climatiques est peu développé; près de deux jeunes sur trois croient ne pas pouvoir faire quelque chose pour réduire ces changements.
  • Parmi les jeunes qui s’impliquent davantage dans la lutte contre les changements climatiques figurent davantage de filles, de jeunes qui ne s’identifient ni comme une fille, ni comme un garçon, de jeunes plus anxieux ou entretenant de bonnes relations avec l’école et la famille.
  • Les jeunes qui ont le sentiment de pouvoir agir sur les changements climatiques sont aussi ceux qui essaient davantage de réduire les comportements contribuant aux changements climatiques.

Les changements climatiques et les adolescents

Peu de travaux à ce jour ont été effectués auprès des adolescents (1). Une étude récente a montré que les préoccupations liées aux changements climatiques touchent une proportion importante des jeunes entre 16 et 25 ans dans le monde (2). En plus des jeunes, il semblerait que les femmes et ceux vivants dans des régions plus vulnérables sont particulièrement préoccupés par les changements climatiques (3).

Les stratégies d’adaptation utilisées par les jeunes face à leurs préoccupations environnementales peuvent les mener soit à adopter des comportements réduisant les changements climatiques ou, à l’opposé, à éviter le problème. Les études actuelles suggèrent que l’espoir face aux changements climatiques et au futur augmente les comportements pro-environnementaux, en plus de diminuer le risque d’avoir des préoccupations qui affectent le bien-être du jeune (4). Une récente recension des écrits suggère qu’une éducation axée sur les actions concrètes, des actions collectives et des discussions ouvertes sur le problème pourraient amener les jeunes à s’impliquer dans la lutte aux changements climatiques (1). Mieux comprendre l’expérience des jeunes par rapport aux changements climatiques permettrait de les outiller plus efficacement face à cette menace.

De quelles connaissances manque-t-on ?

Quelle est la part des jeunes qui se disent préoccupés par les changements climatiques ? Y a-t-il des groupes qui le sont davantage ? Comment les préoccupations environnementales sont associées avec différents marqueurs de bien-être, comme l’anxiété et le rapport avec l‘environnement familial ou scolaire ? Est-ce que les adolescents s’impliquent dans la lutte contre les changements climatiques ? Qui sont les jeunes non impliqués dans cette lutte ? Est-ce que les préoccupations déterminent le niveau d’implication environnementale ?

Quels sont les objectifs et les méthodes ?

L’analyse repose sur les données de l’étude longitudinale COMPASS au Québec. Chaque année, les jeunes des écoles secondaires participantes sont invités à répondre à un questionnaire portant sur leurs habitudes de vie et leurs comportements (5). Le devis d’étude repose sur les données de la ronde de 2022 réalisée dans 113 écoles du Québec. L’échantillon est constitué de 48 289 jeunes provenant des régions de la Capitale-Nationale (38 écoles, 24 985 répondants), de Chaudière-Appalaches (21 écoles, 11 300 répondants), du Saguenay-Lac-St-Jean (8 écoles, 2 763 répondants), du Bas-St-Laurent (28 écoles, 6 730 répondants), de la Côte-Nord (16 écoles, 1 915 répondants) et de la Gaspésie (2 écoles, 596 répondants).

Les mesures sur l’expérience du changement climatique sont extraites de Clayton et Karazsia (6). Deux questions portent sur les préoccupations des jeunes. L’une traite de l’incidence des changements climatiques sur leur sommeil et l’autre sur la capacité à accomplir leurs travaux. Deux autres questions traitent de l’implication des jeunes. La première concerne le pouvoir d’agir (est-ce qu’il croit pouvoir faire quelque chose pour lutter contre le changement climatique); la seconde les comportements (est-ce qu’il essaie de réduire ses comportements qui y contribuent).

Les variables de stratification sont l’âge, le genre, le statut socio-économique familial (plus défavorisé vs moins défavorisé), le type d’école fréquenté et la région où est localisée l’école (urbain ou rural). L’expérience du changement climatique est contrastée avec quatre marqueurs de bien-être; (i) la présence d’un niveau d’anxiété modéré ou sévère (7); (ii) une adaptation à la pandémie limitée (8); (iii) un sentiment d’appartenance à l’école plus fort (9) et (iv) la possibilité de parler de ses problèmes avec sa famille. Les données sont pondérées pour chaque école en fonction des taux de réponse selon âge et le sexe. Les proportions et ratios de risques ont été ajustés pour les principaux confondants (âge, genre, type d’école, niveau de défavorisation familial et région où est localisée l’école). L’ajustement a été réalisé par modélisation statistique (régression de Poisson). Toutes les analyses sont réalisées avec le logiciel STATA17©.

Résultats

La proportion de jeunes pour qui les changements climatiques interfèrent parfois ou souvent avec leur
sommeil est de 9%. Ils sont 6% à indiquer qu’ils interfèrent parfois ou souvent avec leur capacité à effectuer leurs travaux (Figure 1). Près de deux jeunes sur trois ne croient pas pouvoir faire quelque chose pour réduire les changements climatiques. Un peu plus de la moitié des jeunes déclare ne pas essayer ou essayer rarement de réduire ses comportements qui contribuent aux changements climatiques.

figure1 Distribution des réponses aux questions portant sur l’attitude face aux changements climatiques

Préoccupations environnementales interférant avec la vie des jeunes

La présence de préoccupations environnementales interférant dans la vie du jeune est définit ici par une réponse positive à si parfois, souvent ou presque toujours penser aux changements climatiques l'empêche de dormir ou faire ses travaux. La présence de préoccupations environnementales interférant avec la vie des répondants n’est pas associée à leur âge, le type d’école fréquenté et la localisation de cette dernière (Tableau 1 et figure 2). Comparativement aux garçons, l’incidence des préoccupations environnementales est plus marquée chez les filles (RR= 1,53; IC95[1,43 ; 1,64]) et les jeunes qui ne s’identifient à aucun des deux genres (RR= 2,80; IC95[2,53 ; 3,09]). Les préoccupations environnementales interfèrent également davantage la vie des jeunes issus d’un milieu plus défavorisé que ceux venant d’un milieu moins défavorisé (RR= 1,49; IC95[1,40 ; 1,58]).

tableau1 Présence de préoccupations environnementales interférant avec la vie des jeunes selon les caractéristiques des répondants
Figure 2 Caractéristiques associées à la présence de préoccupations environnementales interférant avec la vie des répondants

La relation entre l’interférence des préoccupations environnementales dans la vie des jeunes et les marqueurs de bien-être est illustrée au tableau 2 et à la figure 3. Dans l'ensemble, les préoccupations environnementales interfèrent moins dans la vie des jeunes bien équilibrés ou entretenant une bonne relation avec leur environnement. Les changements climatiques interfèrent davantage avec le sommeil ou la capacité à faire des travaux chez les jeunes plus anxieux ou moins bien adaptés à la pandémie (respectivement RR= 1,98; IC95[1,86 ; 2,12] et RR= 2,09; IC95[1,97 ; 2,22]). En revanche, les préoccupations environnementales interfèrent moins dans la vie des jeunes qui entretiennent un rapport plus étroit avec leur famille (RR= 0,82; IC95 [0,78 ; 0,87]). L’interférence est également moindre chez ceux qui ont un sentiment appartenance plus fort à leur école (RR= 0,76; IC95[0,71 ; 0,81]).

Tableau 2 Bien-être des jeunes et présence de préoccupations environnementales interférant avec la vie des répondants*
Figure 3- Association entre la présence de préoccupations environnementales interférant avec la vie des jeunes et les marqueurs de bien-être. – Ratios de risques ajustés

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Implication environnementale

Les adolescents de 15 ans et plus croient plus pouvoir contribuer à réduire les changements climatiques (RR= 1,19; IC95[1,14 ; 1,24]) et essaient davantage de changer leurs comportements (RR = 1,17; IC95[1,12 ; 1,21]) que chez ceux de 14 ans et moins (Tableau 3 et figure 4). Le pouvoir d’agir et les modifications de comportement sont plus fréquents chez les filles que chez les garçons (respectivement RR= 1,23; IC95[1,20 ; 1,27] et RR= 1,17; IC95[1,14 ; 1,22]) et les jeunes qui ne s’identifient à aucun des deux genres (respectivement RR= 1,26; IC95[1,19 ; 1,34] et RR= 1,22; IC95[1,15 ; 1,29] en comparaison avec les garçons). Le jeune qui fréquente une école privée a également plus de chances de croire pouvoir contribuer à la lutte aux changements climatiques et d’essayer de changer (respectivement RR= 1,19; IC95[1,06 ; 1,35] et RR= 1,15; IC95[1,02 ; 1,28]). Fréquenter une école en région urbaine augmente les chances d’essayer de réduire les comportements qui contribuent aux changements climatiques (RR= 1,12; IC95[1,02 ; 1,23]), mais n’est pas associé à la croyance de pouvoir faire quelque chose pour aider. Le statut socio-économique familial n’est pas associé à l’implication environnementale du jeune.

tableau 3- Implication environnementale selon les caractéristiques des répondants
Figure 4- Caractéristiques associées à l'implication environnementale des jeunes – Ratios de risques ajustés

Les différents marqueurs de bien-être des jeunes sont semblables entre ceux qui essaient de changer et ceux qui croient pouvoir contribuer à la lutte contre le réchauffement (Tableau 4 et figure 5). Les jeunes plus anxieux vont davantage croire pouvoir faire quelque chose et essayer de modifier leurs comportements (respectivement RR= 1,06; IC95[1,02 ; 1,10] et RR= 1,12; IC95[1,09 ; 1,16]). Le sentiment de pouvoir d’agir et la volonté de changer de comportement sont plus marqués chez le jeune qui présente un plus fort sentiment d’appartenance à son école (respectivement, RR = 1,30; IC95 [1,27 ; 1,33] et RR = 1,13; IC95 [1,11 ; 1,16]). Enfin, si les adolescents ayant un  lien étroit avec leur famille n’essaient pas davantage de changer leurs comportements, ils croient plus fréquemment pouvoir faire quelque chose (RR = 1,14; IC95 [1,11 ; 1,17]).

Tableau 4. Bien-être des jeunes et implication environnementale
Figure 5- Association entre l’implication environnementale des jeunes et les marqueurs de bien-être – Ratios de risques ajustés

Parmi les jeunes chez qui les préoccupations environnementales prennent moins d’importance dans leur vie, 31% croient pouvoir faire quelque chose et 40% essaient de changer leurs comportements (Tableau 5. Ils sont 60% à penser pouvoir agir parmi ceux chez qui les préoccupations interfèrent dans le sommeil ou les travaux et 71% à essayer de réduire leurs comportements. Le sentiment de pouvoir agir sur les changements climatiques est presque deux fois plus élevé chez les adolescents dont les préoccupations environnementales interfèrent avec le sommeil ou les travaux (RR = 1,91; IC95 [1,82 ; 2,00]. Ils sont également plus susceptibles d’essayer de changer leurs comportements (RR = 1,78; IC95 [1,71 ; 1,86]).

Tableau 5- Association entre l'implication environnementale des jeunes et la présence de préoccupations environnementales interférant dans leur vie

La figure 6 illustre le rôle du pouvoir d'agir dans la volonté des jeunes de réduire leur contribution
aux changements climatiques. Une majorité des jeunes qui croient pouvoir aider à réduire les changements climatiques essaient de changer leurs comportements. Parmi ceux qui jugent que leur pouvoir d'agir est plus limité, à peine un quart (16,3% vs 48,8%) essaient de changer leurs comportements pouvant contribuer aux changements climatiques.

Figure 6- Relation entre le sentiment de pouvoir agir des jeunes et leur implication environnementale

Limites

L’analyse des préoccupations des jeunes et leur engagement dans la lutte contre les changements climatiques repose sur les quatre indicateurs disponibles dans l’enquête COMPASS 2022. Ces mesures sont extraites d’un questionnaire plus étendu (6) et ne fournissent donc qu’un premier aperçu, forcément incomplet, de l’attitude de s je unes du secondaire envers les changements climatiques. D’autres travaux seraient à a ccomplir p our m ieux c erner ces réalités. Une deuxième limite réside dans l’identification, là aussi encore préliminaire, des facteurs qui prédisposent les jeunes ou les incitent à croire qu’ils peuvent être des acteurs de changement. Une troisième limite réside dans
la population d’étude. L’étude COMPASS a couvert en 2022, 6 régions de l’Est-du-Québec. Bien que les résultats paraissent très similaires d’une zone d’étude à l’autre, il n’est pas exclu qu’ils puissent être différents dans d’autres contextes.

Que conclure ?

Environ un jeune sur dix rapporte que de penser aux changements climatiques interfère avec son sommeil ou ses travaux. Un jeune sur trois croit pouvoir faire quelque chose dans la lutte a ux changements climatiques et un peu moins d'un sur deux essaie de changer ses comportements. Les filles, les jeunes qui ne s’identifient ni comme une fille, ni comme un garçon et ceux qui sont plus anxieux sont plus préoccupés et davantage impliqués dans la lutte aux changements climatiques. Les adolescents issus d’un milieu familial plus défavorisé sont plus préoccupés, mais ne s’impliquent pas davantage. Un jeune ayant une bonne relation avec son environnement familial et scolaire apparait à la fois moins préoccupé et plus impliqué dans la lutte aux changements climatiques. De futurs recherches pourront explorer plus amplement l’association de la relation du jeune avec son environnement et de l’attitude de ce dernier envers la crise climatique.

Les jeunes qui essaient de changer leurs comportements sont aussi ceux qui ont davantage le sentiment de pouvoir agir contre les changements climatiques. Sensibiliser les adolescents aux changements climatiques pour qu’ils se sentent concernés et croient en leur pouvoir d’agir, sans que cela n’interfère sur leur sommeil ou leurs travaux, constitue une piste d’action à considérer pour les inciter à s’engager dans la lutte contre les changements climatiques de manière constructive.

Bibliographie

  1. Crandon, T. J., Scott, J. G., Charlson, F. J., & Thomas, H. J. (2022). A social–ecological perspective on climate anxiety in children and adolescents. Nature Climate Change, 12(2), 123-131.
  2. Hickman, C., Marks, E., Pihkala, P., Clayton, S., Lewandowski, R. E., Mayall, E. E., Wray, B., Mellor, C., & van Susteren, L. (2021). Climate anxiety in children and young people and their beliefs about government responses to climate change: a global survey. Lancet Planetary Health, 5(12), E863-E873.
  3. Gousse-Lessard, A.-S., & Lebrun-Paré, F. (2022). Regards croisés sur le phénomène « d’écoanxiété » : perspectives psychologique, sociale et éducationnelle. Éducation relative à l’environnement.
  4. Ojala, M. (2012). Regulating Worry, Promoting Hope: How Do Children, Adolescents, and Young Adults Cope with Climate Change? International Journal of Environmental and Science Education, 7(4), 537-561.
  5. Leatherdale, S. T., Brown, K. S., Carson, V., Childs, R. A., Dubin, J. A., Elliott, S. J., Faulkner, G., Hammond, D., Manske, S., Sabiston, C. M., Laxer, R. E., Bredin, C., & Thompson-Haile, A. (2014). The COMPASS study: a longitudinal hierarchical research platform for evaluating natural experiments related to changes in school-level programs, policies and built environment resources. BMC Public Health, 14(1), 331.
  6. Clayton, S., & Karazsia, B. T. (2020). Development and validation of a measure of climate change anxiety.Journal of Environmental Psychology, 69, Article 101434.
  7. Spitzer, R. L., Kroenke, K., Williams, J. B., & Löwe, B. (2006). A brief measure for assessing generalized anxiety disorder: the GAD-7. Arch Intern Med, 166(10), 1092-1097.
  8. Gozo JJC, Bélanger RE, Bacque Dion C, Fortier G, Angoa G, Gansaonre RJ, Haddad S. (2022). L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes en temps de pandémie : analyse des cohortes scolaires COMPASS Québec de 2018 à 2021. Centre de recherche VITAM. Québec.
  9. Katapally TR, Thorisdottir AS, Laxer R, Leatherdale ST. (2018). Association entre le sentiment d’appartenance à l’école, la participation à l’intimidation et divers comportements associés au temps passé devant un écran chez les jeunes dans deux provinces canadiennes: Une étude COMPASS. Heal Promot chronic Dis Prev Can Res policy Pract, 8:368–79.

Citation suggérée

Fortier G, Turcotte-Tremblay A-M, Bacque-Dion C, Gansaonre RJ, Bélanger RE, Haddad S. Préoccupations environnementales et implication des adolescents dans la lutte aux changements climatiques; Une analyse de la cohorte scolaire COMPASS-Québec 2022. Centre de recherche VITAM. Québec, septembre 2022.

Financement

COMPASS-Québec bénéficie d’octrois de recherche et du soutien du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, du Gouvernement du Québec, de l’Université Waterloo (Santé Canada – Instituts de Recherche en santé du Canada) et de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale.

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La santé mentale des jeunes du secondaire se dégrade et les inégalités se creusent. Analyse des cohortes scolaires de COMPASS-Québec de 2018 à 2022

Auteurs 

Krystel Poirier, Richard Bélanger, Claude Bacque-Dion, Rabi Joel Gansaonre, Anne-Marie Turcotte-Tremblay, Michel Lucas & Slim Haddad

Faits saillants

  • La santé mentale des jeunes se dégrade. L’évolution défavorable des indicateurs de santé mentale concerne tous les jeunes, quels que soient leur âge, leur sexe, leur condition sociale ou la localisation de leur école. Les jeunes filles et les jeunes issus de familles plus défavorisées sont les plus vulnérables, autant dans la proportion de jeunes rapportant des difficultés en santé mentale que dans la dégradation de leur état de santé mentale.
  • Toutes les écoles participantes des régions couvertes par l’étude ont été confrontées à une augmentation rapide et substantielle des besoins de santé mentale de leurs jeunes filles.

La pandémie de COVID-19 et la santé mentale des adolescents

Le déclenchement de la pandémie de COVID-19 à l’hiver 2020 a conduit à la fermeture des écoles et imposé différentes formes de distanciation sociale. Après une première période où les jeunes semblent s’être adaptés aux mesures préventives (1, 2), plusieurs travaux rapportent un accroissement du niveau de stress et une dégradation de leur santé mentale (3-6). Les jeunes présentant des difficultés de santé mentale préalables (3-5), les filles (7-9), les adolescents des tranches d’âge supérieures (7,8) et ceux issus d’un milieu plus défavorisé (6) seraient plus fréquemment affectés. Quelques travaux récemment publiés suggèrent que la santé mentale des adolescents aurait continué à se dégrader malgré la levée de plusieurs restrictions sanitaires (7,8).

De quelles connaissances manque-t-on ?

Cette étude rend compte de l’évolution entre 2018 et 2022, de la santé mentale d’une population de jeunes de l’Est-du-Québec. Elle vise à vérifier dans quelle mesure leur santé mentale se serait détériorée depuis le déclenchement de la crise sanitaire et s’attache à répondre aux trois questions suivantes : (i) Quelle est l’évolution de la proportion de jeunes en difficulté ? (ii) Jusqu’à quel point la condition des jeunes présentant des difficultés de santé mentale s’est-elle aggravée ? (iii) Dans quelle mesure les inégalités en santé mentale ont-elles augmenté ?

Quelles sont les méthodes utilisées ?

Devis et mesures

Ce travail utilise les données de l’étude de cohortes scolaires COMPASS-Québec portant sur la santé et le bien-être des adolescents. Le devis de recherche est de type transversal répété. L’échantillon est constitué des répondants des 33 écoles ayant participé aux deux rondes annuelles précédant la crise sanitaire (2018 et 2019) et les rondes de 2021 et 2022, réalisées respectivement, 12 à 15 mois et 24 à 27 mois après le déclenchement de la crise sanitaire. Les écoles participantes sont situées dans trois régions de l’Est-du-Québec (Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches et Saguenay-Lac-Saint-Jean).

Tous les élèves des écoles sont invités à participer aux enquêtes annuelles. Il y a 14 944 répondants en 2018, 15 462 en 2019, 12 008 en 2021 et 14 385 en 2022. L’appréciation de la santé mentale repose sur des échelles de mesure auto-rapportées préalablement validées. Le Centre for Epidemiological Studies Depression Scale Revised (CESD-R-10) rend compte de la présence de symptômes dépressifs (10-12). Le niveau d’anxiété est mesuré par le Generalized Anxiety Disorder-7 Item Scale (GAD-7) (13, 14) et le sentiment d’épanouissement par le Flourishing Scale (15). Les scores du CESD-R-10 et du GAD-7 ont été inversés pour être ordonnés du jeune le plus au moins vulnérable. Des valeurs seuils permettent d’identifier les jeunes en difficulté au regard de chacun de ces indicateurs. Il y a présence de symptômes dépressifs significatifs lorsque la valeur du CESD-R-10 inversé est inférieure ou égale à 20 sur 30 (15). L’anxiété est modérée à sévère lorsque la valeur du GAD-7 inversé est inférieure ou égale à 11 sur 21. Enfin, un jeune fait partie du groupe moins épanoui si son score d’épanouissement est inférieur ou égal à la valeur médiane, soit 32 sur 40.

Évolution des besoins et des inégalités entre jeunes

Les méthodes statistiques dérivent des approches utilisées pour l’analyse de la pauvreté et de l’inégalité sociale, adaptées à la sphère de la santé (16). La figure 1 permet d’en appréhender les fondements. Supposons que l’on s’intéresse aux réponses (hypothétiques) d’une population au questionnaire portant sur la présence de symptômes dépressifs (CESD-R-10). On ordonne dans un premier temps les répondants selon leur santé mentale, en commençant par ceux qui présentent le plus de symptômes dépressifs significatifs et en terminant par ceux qui en présentent le moins. En d’autres termes, les répondants sont classés par ordre croissant du score CESD-R-10 inversé. Le score inversé varie entre 5 et 30. Dans un second temps, la série est divisée en 100 groupes (centiles) composés d’un nombre équivalent d’individus. Ainsi, dix pour cent des répondants présentent un score de santé mentale positive (score inversé) inférieur au 10ème percentile, 50 % un score en deçà de la médiane, etc.

Figure 1- Représentation graphique des indices FGT (0) et FGT (1) : Illustration utilisant le score d’autoévaluation des symptômes dépressifs

Le trait bleu réunit les valeurs du score moyen de chaque percentile de la population. On constate qu’environ 10 % de la population présente un score de santé mentale positive inférieur à 10, que la moitié des répondants ont un score supérieur à 22 et que le score excède 25 sur 30 dans le dernier décile de répondants. Tous les jeunes dont le score inversé est inférieur à 20 présentent des symptômes dépressifs significatifs (rappelons qu’une valeur au CESDR- 10 supérieure ou égale à 10 définit la présence de symptômes dépressifs significatifs). Le trait horizontal rouge, qu’on qualifie (17) de ligne de pauvreté de santé, permet donc de distinguer la section de la distribution incluant des jeunes présentant des difficultés de santé mentale (courbe située en deçà de la ligne de pauvreté de santé) de celle incluant des jeunes ne présentant pas de difficultés. Les répondants en A, B et C font partie du premier groupe et D, du second.

Évolution de la proportion de jeunes en difficulté (incidence de la pauvreté de santé) : La proportion de jeunes en difficulté est donnée par la valeur de l’abscisse du point d’intersection entre la ligne de pauvreté de santé et la courbe réunissant les valeurs du score moyen de chaque percentile. Ainsi la proportion de jeunes présentant des difficultés de santé mentale, ou selon la terminologie consacrée, l’incidence de la pauvreté de santé ou l’incidence du besoin, est de 42 %.

Gravité de la condition des jeunes en difficulté (profondeur de la pauvreté de santé) : Les jeunes en difficulté se situent entre le premier et le 43e percentile. Comme on peut le constater, le niveau de vulnérabilité des jeunes présentant des difficultés de santé mentale diffère sensiblement. Le score moyen des individus du groupe A est d’environ 10. Il se situe à 10 points de la valeur seuil (-100 %). Le score moyen des répondants en C est de 17. Il est inférieur de 3 points à la valeur seuil (-15 %). Plus le score moyen des jeunes en difficulté s’éloigne de la valeur seuil, et plus préoccupante est leur condition et vice-versa. En d’autres termes, plus la surface de l’aire représentée en vert à la figure 1 est importante, et plus préoccupante est la condition générale du sous-échantillon de jeunes présentant des difficultés. Un accroissement de cette surface d’une année à l’autre signe une détérioration de la condition moyenne des jeunes présentant des difficultés de santé mentale. Selon la terminologie consacrée, la profondeur de la pauvreté de santé (ou profondeur du besoin de santé) serait en augmentation.

L’incidence et la profondeur du besoin de santé peuvent être dérivées algébriquement plutôt que graphiquement, par les indices de Foster-Greer-Thorbecke (FGT) (18). L’incidence du besoin ou FGT (0) est le rapport du nombre de cas de jeunes en difficulté sur la population totale. La profondeur du besoin ou FGT (1) correspond à l’écart moyen entre le score des jeunes en difficulté et la valeur seuil choisie. L’indice FGT (1) est exprimé en valeur relative. Il augmente lorsque le score moyen des jeunes en difficulté tend à s’éloigner de la valeur seuil. Une stratification de ces indices selon le sexe, l’âge et le niveau de défavorisation familiale des jeunes sera réalisée afin d’identifier d’éventuelles « sur-vulnérabilités ».

Inégalité de santé mentale : L’inégalité de santé est plus complexe à appréhender graphiquement. Elle est plutôt estimée algébriquement par un indice reflétant l’inégalité de la distribution ; l’indice de Gini (19). Il s’agit d’une mesure standardisée évoluant dans l’intervalle [0,1]. Une valeur nulle de l’indice de Gini indiquerait une distribution parfaitement égalitaire. Plus l’inégalité est prononcée dans la distribution et plus la valeur de l’indice se rapproche de l’unité. Une augmentation de l’indice d’une année à l’autre traduit un accroissement de l’inégalité.

Résultats

Évolution des besoins et de l’inégalité en santé mentale

La figure 2 fournit une vision d’ensemble de l’évolution de l’intensité des besoins de santé mentale, de la profondeur des besoins et de l’inégalité. La figure 3 présente pour chacun des estimateurs, la différence entre les rondes précédant le déclenchement de la crise (2018-2019), la différence entre la ronde précédant la crise et celle réalisée environ un an après son déclenchement (2019-2021) et la différence sur l’ensemble de la période d’observation (2018-2022).

Figure 2- Évolution des indicateurs de santé mentale
Figure 3- Évolution des indices de santé mentale : Différences entre 2018 et 2019, 2019 et 2021, 2018 et 2022

 Besoin de santé mentale

La santé mentale des jeunes s’est dégradée sensiblement pendant la période d’observation (figure 2). La proportion de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs était en légère augmentation entre les deux rondes précédant la pandémie, de même que la proportion des jeunes modérément ou sévèrement anxieux. La tendance s’est ensuite nettement accentuée entre la ronde précédant la crise sanitaire et celle de 2021. La proportion de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs est passée de 26,7 % IC95%[25,9 %, 27,4 %] en 2019 à 37,4 % IC95%[36,5 %, 38,3 %] en 2021, soit une augmentation de plus de 10 points de pourcentage (10,7 % IC95%[9,6 %, 11,9 %]). Au cours de cette même période, la proportion de jeunes modérément ou sévèrement anxieux a progressé de près de 8 points de pourcentage (7,8 % IC95%[6,9 %, 8,8 %]) et celle des jeunes se disant moins épanouis de 7 points de pourcentage (7,4 % IC95%[6,2 %, 8,5 %]).

La proportion de jeunes moins épanouis et la proportion de jeunes anxieux ont continué leur progression en 2022 (figure 2). Un peu plus de deux ans après le déclenchement de la crise sanitaire, un jeune sur quatre présente des symptômes d’anxiété modérée à sévère (24,7 % IC95%[24,0 %, 25,4 %]) et près d’un jeune sur deux fait partie du groupe moins épanoui (44,6 % IC95%[43,8 %, 45,4 %]). Plus d’un jeune sur trois présente des symptômes dépressifs significatifs (37,1 % IC95%[36,3 %, 37,9 %]).

Sur les quatre années, la proportion de jeunes présentant des symptômes dépressifs significatifs a augmenté de 14,5 points de pourcentage (une augmentation relative de 64 %), celle des jeunes anxieux de 11,2 points de pourcentage (une augmentation relative de 88 %) et celle des jeunes moins épanouis de 10,7 points de pourcentage (une augmentation relative de 31 %).

Profondeur du besoin de santé mentale des jeunes en difficulté

La valeur de l’indice FGT (1) est en progression sur l’ensemble de la période (figure 2). Les symptômes des jeunes présentant des symptômes dépressifs tendent à devenir plus prononcés et leur score au CESD-R-10 inversé tend à s’éloigner du seuil de référence. La profondeur du besoin de santé mentale estimé via le CESD-R-10 inversé double pendant la période d’observation. Elle s’établit à 6,5 % de la valeur seuil en 2018 IC95%[6,2 %, 6,8 %] et 12,3 % IC95%[11,9 %, 12,6 %] en 2022. La profondeur du besoin de santé estimé par le score d’anxiété double également, passant de 5,6 % IC95%[5,4 %, 5,9%] à 11,6 % IC95%[11,2 %, 12,0 %]. La profondeur du besoin au regard du sentiment d’épanouissement passe de 5,0 % IC95%[4,8 %, 5,2 %] à 8,1 % IC95%[7,9 %, 8,4 %].

Inégalité de santé mentale

L’inégalité de santé mentale était relativement contenue en 2018 et 2019, l’indice de Gini se situait pour les trois indicateurs aux alentours de 0,10. L’inégalité en santé mentale s’est quelque peu accrue depuis la ronde suivant le déclenchement de la crise sanitaire (figure 2). L’indice de Gini pour les symptômes dépressifs est de 0,143 IC95% [0,141, 0,146] en 2019 et 0,176 IC95%[0,176, 0,183] en 2021, soit une augmentation de 0,036 point IC95%[0,032, 0,041]. La valeur de l’indice de Gini pour l’anxiété modérée à sévère croit de 0,166 IC95%[0,163, 0,169] à 0,210 IC95%[0,206, 0,214] pendant la même période. Il passe pour l’indicateur du moindre épanouissement de 0,092 IC95%[0,190, 0,093] à 0,105 IC95%[0,103, 0,107].

Vulnérabilités sexo-spécifiques et inégalités de santé mentale

Les courbes présentées dans les figures 4 et 5 permettent de visualiser la progression, année après année, des indices FGT (0) et FGT (1) dans 4 sous-groupes définis en fonction du sexe des répondants et leur niveau de défavorisation familiale. Afin de limiter le nombre de graphiques, seuls les résultats concernant les symptômes dépressifs et l’anxiété sont présentés.

Figure 4A- Proportion de jeunes dont la valeur de CESD-R-10 inversé est sous la valeur seuil
Figure 4B- Proportion de jeunes dont la valeur de GAD-7 inversé est sous la valeur seuil

Une détérioration de la santé mentale des jeunes est observée dans chaque strate. Davantage de jeunes présentent en 2022 des difficultés de santé mentale, quel que soit leur âge. Le besoin de santé mentale des jeunes filles excède celui des garçons. La dégradation de leur condition est, année après année, plus marquée et plus systématique chez les jeunes répondantes. L’appartenance à une famille plus défavorisée est également associée à la présence de symptômes dépressifs significatifs ou une anxiété modérée à sévère.

Plus de la moitié des répondantes âgées de plus de 15 ans et provenant de familles plus défavorisées présentent des symptômes dépressifs significatifs à la dernière ronde. Elles n’étaient que 40% au début de la période d’observation. Une adolescente vivant dans un milieu familial plus défavorisé apparait doublement désavantagée. Il est possible que la crise sanitaire ait exacerbé les inégalités existantes en affectant disproportionnellement les adolescentes issues de familles plus défavorisées.

Figure 5A. Écart (en proportion) entre la valeur moyenne du CESD-R-10 inversé et la valeur seuil
Figure 5B. Écart (en proportion) entre la valeur moyenne du GAD-7 inversé et la valeur seuil

L’examen de la profondeur du besoin de santé mentale (FGT (1)) révèle un portrait comparable (figures 5a, 5b). La condition des jeunes en difficulté s’est détériorée au cours de la période d’observation. Là encore, les filles et plus encore, celles issues de milieux plus défavorisés, sont davantage affectées. La profondeur du besoin de santé s’accentue lors des deux rondes réalisées après le déclenchement de la crise sanitaire. À partir de 15 ans, tant pour la dépression que l’anxiété, la profondeur du besoin de santé de ces jeunes filles doublement désavantagées excède de près de 25% la valeur seuil.

Exposition des écoles à l’évolution des besoins de santé mentale

La figure 6 présente l’évolution annuelle de la proportion de jeunes filles présentant des difficultés de santé mentale dans un sous-échantillon de 27 écoles secondaires. Chaque série de données correspond à une ronde d’observation. Le tableau 1 expose les résultats de manière plus détaillée.

L’accroissement des besoins en santé mentale des clientèles scolaires se reflète dans les statistiques agrégées par école. La proportion de jeunes filles en difficulté croit année après année dans l’ensemble des écoles. L’évolution des courbes présentées à la figure 6 suggère que la crise sanitaire serait associée à une exacerbation des besoins. La proportion de jeunes filles présentant des symptômes dépressifs significatifs varie entre 43,4% à 69,3% selon l’école (pour une moyenne de 54,8%). Il y a 21 des 27 écoles dans lesquelles au moins la moitié des jeunes filles présentent des symptômes dépressifs significatifs alors qu’il n’y en avait qu’une en 2018. L’examen des deux autres indicateurs de santé mentale fournit un portrait comparable.

Figure 6. FGT (0) : Évolution de la proportion de jeunes filles rapportant des difficultés de santé mentale par école : proportion de jeunes filles dont la valeur du CESD-R-10 inversé, GAD-7 inversé et de l’épanouissement est sous la valeur seuil
Tableau 1. Évolution des indicateurs de santé mentale chez les jeunes filles : Comparaison des statistiques par école entre 2018 et 2022

 Limites

Le devis est de type transversal répété, ce qui limite la possibilité d’étudier les trajectoires individuelles des jeunes et l’identification des impacts éventuels de la crise sanitaire sur leur condition de santé. L’échantillon étant composé d’écoles secondaires de trois régions de l’Est-du-Québec, on ne peut exclure la possibilité que les besoins aient pu évoluer différemment dans des contextes où les jeunes sont exposés à d’autres réalités. Enfin, l’analyse se concentre sur deux sources de vulnérabilité reconnues ; le sexe et la défavorisation socio-économique familiale des jeunes. D’autres travaux devront être exécutés pour mieux cerner les principaux déterminants des besoins des jeunes et les sources de vulnérabilité des populations adolescentes.

Que conclure ?

La santé mentale des jeunes s’est dégradée tout au long des quatre années d’observation. La tendance s’est exacer-bée l’année suivant le déclenchement de la crise sanitaire. Davantage de jeunes présentent des symptômes dépressifs significatifs, des signes d’anxiété modérée à sévère et ils sont plus nombreux à faire partie du groupe de jeunes moins épanouis. La condition des jeunes qui présentent des difficultés de santé mentale tend à être plus sévère.

La crise sanitaire a éventuellement contribué à exacerber les besoins et amplifier les inégalités de santé mentale. La dégradation de la santé mentale des jeunes est observée dans tous les groupes sociaux, peu importe l’âge, le sexe, ou le statut socio-économique familial. La situation des adolescentes et plus encore, de celles vivant dans des familles plus défavorisées apparait préoccupante.

Les écoles secondaires, les centres de services scolaires, les organismes communautaires, les services cliniques et les directions régionales de santé publique qui soutiennent les adolescents ont à composer avec cette nouvelle réalité. Et si toutes les écoles sont concernées, certaines abritent une concentration plus élevée de jeunes en difficulté.

L’école constitue un milieu privilégié pour promouvoir la santé mentale des jeunes et lutter contre les
inégalités de santé.

Citation suggérée

Poirier K, Bélanger RE, Bacque Dion C, Gansaonre, RJ, Turcotte-Tremblay A-M, Lucas M, Haddad S. La santé mentale des jeunes du secondaire se dégrade et les inégalités se creusent. Analyse des cohortes scolaires de COMPASS-Québec de 2018 à 2022. Centre de recherche VITAM. Québec, septembre 2022.

Financement

COMPASS-Québec bénéficie d’octrois de recherche et du soutien du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, du Gouvernement du Québec et de l’Université Waterloo (Santé Canada – Instituts de Recherche en santé du Canada).

Bibliographie

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La cessation de la cigarette électronique chez les adolescents. Tentatives d’arrêt et barrières rencontrées. Une analyse des cohortes scolaires COMPASS-Québec (2022-2023).

Auteurs 

Rosalie Bouchard, Anne-Marie Turcotte-Tremblay, Richard Bélanger, Claude Bacque-Dion & Slim Haddad

Faits saillants

  • Près de la moitié (45%) des jeunes ayant utilisé la cigarette électronique déclarent avoir tenté de cesser de l’utiliser. Ces tentatives sont plus fréquentes chez les usagers réguliers ou quotidiens de cigarette électronique qui estiment que la cigarette électronique peut comporter des risques pour la santé.
  • Huit jeunes sur 10 disent avoir rencontré des difficultés lorsqu’ils ont essayé d’arrêter de vapoter. La dépendance à la cigarette électronique, l’impression d’être moins en contrôle de son humeur, la peur de ne pas réussir à arrêter de vapoter et ne pas savoir comment faire pour arrêter constituent les barrières les plus fréquemment citées.
  • Davantage de barrières sont rapportées par les jeunes plus anxieux et les filles. Les filles évoquent deux fois plus souvent que les garçons la prise de poids comme barrière à la cessation.
  • Trente-six pour cent des jeunes ayant tenté de cesser d’utiliser la cigarette électronique se sont abstenus d’en faire usage dans les 30 derniers jours. La proportion d’abstinents diminue sensiblement dès que des barrières sont rencontrées lors des tentatives de cessation de la cigarette électronique.

Recommandations

  1. Promouvoir la cessation de l’utilisation de la cigarette électronique en prêtant attention aux barrières que les jeunes rencontrent quand ils tentent d’arrêter.
  2. Accorder une attention particulière aux barrières en lien avec la dépendance aux produits du tabac, à la gestion des émotions et au pouvoir d’agir.
  3. Concevoir des interventions sensibles aux spécificités des groupes rencontrant davantage de difficultés pour cesser d’utiliser la cigarette électronique.
  4. Poursuivre les recherches destinées à formuler et déployer des stratégies d’intervention efficaces et adaptées en milieu scolaire.

Le vapotage chez les adolescents

La cigarette électronique constitue désormais le produit du tabac le plus populaire parmi les adolescents1. La plupart des cigarettes électroniques qu’utilisent les adolescents comportent de la nicotine2, une substance qui affecte le cerveau encore en développement du jeune3. L’accoutumance à la nicotine survient chez eux plus rapidement et pour de moindres quantités que chez l’adulte4 et il est probable que la nicotine augmente les risques de dépendance à d’autres substances5. Les liquides de vapotage contiennent également des solvants, des arômes, voire d’autres substances psychoactives dont les effets à long terme sur la santé ne sont pas encore déterminés avec certitude, mais qui pourraient être impliquées dans la survenue ou l’exacerbation de maladies respiratoires.

La ronde d’enquête COMPASS-Québec de 2022 montre que plus d’un tiers (34%) des jeunes ont déjà essayé la cigarette électronique6. Près d’un jeune sur cinq avait vapoté dans les 30 jours précédant l’enquête et plus d’un sur vingt vapotait quotidiennement (6%). Une étude récente rapporte que 42% des jeunes canadiens ayant vapoté dans le mois précédent se disent « un peu » ou « très dépendants » de la cigarette électronique7.

De quelles connaissances manque-t-on ?

Le vapotage est un phénomène récent et on sait peu de choses sur la cessation de l’utilisation de la cigarette électronique par les jeunes. Combien sont-ils à avoir essayé de cesser de vapoter ? Quelles sont les caractéristiques des jeunes ayant tenté de cesser de vapoter ? Ces tentatives sont-elles plus fréquentes parmi les jeunes qui pensent que la cigarette électronique peut comporter des risques pour la santé ?

On sait peu de choses des difficultés que les jeunes concernés rencontrent lorsqu’ils tentent de cesser d’utiliser la cigarette électronique. Dans quelle mesure la dépendance, la peur de ne pas réussir à arrêter, la crainte de ne pas savoir comment faire pour arrêter, l’impression de ne pas pouvoir contrôler son humeur, la peur de prendre du poids ou se sentir insuffisamment encouragé par l’entourage, sont des barrières quand on tente de cesser de vapoter ? Quelle est la proportion d’abstinents parmi les jeunes ayant déjà tenté de cesser de vapoter ?

Quels sont les objectifs et les méthodes ?

L’étude porte sur l’arrêt du vapotage parmi les jeunes du secondaire ayant déjà utilisé la cigarette électronique. Elle vise premièrement à identifier la proportion de jeunes ayant essayé d’arrêter de vapoter et les facteurs associés à ces tentatives. Elle traite ensuite, des barrières rencontrées par les jeunes ayant tenté d’arrêter la cigarette électronique. Elle explore en troisième lieu, l’association entre l’usage récent de la cigarette électronique et les barrières rencontrées lors de tentatives de cessation antérieures.

La population d’étude est constituée des répondants du cycle d’enquête 2023 du projet de cohortes scolaires COMPASS-Québec. L’échantillon est constitué de 17 194 jeunes scolarisés ayant été initiés à la cigarette électronique dans 98 écoles des régions sanitaires de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches, de la Gaspésie, de la Côte- Nord, du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les jeunes sont annuellement conviés à compléter un questionnaire en ligne portant sur leur santé et leurs habitudes de vie.

Une première série d’analyses porte sur les facteurs associés au fait d’avoir tenté d’arrêter la cigarette électronique. Les ratios de risque sont dérivés après ajustement statistique pour chacun des groupes définis par l’âge des répondants, leur sexe, leur degré d’anxiété, leur perception des risques associés au vapotage, leur statut de fumeur et la fréquence du vapotage dans les douze derniers mois. Des termes d’interaction ont été inclus afin de vérifier dans quelle mesure ces associations pourraient différer selon la fréquence d’usage de la cigarette électronique. Les analyses suivantes portent sur les barrières rencontrées lors des tentatives de cessation de la cigarette électronique8,9. Les répondants ont à indiquer jusqu’à quel point chacune des situations suivantes a constitué une barrière (petite, moyenne, grande ou pas du tout) à l’arrêt du vapotage : la dépendance, la peur de ne pas réussir, ne pas savoir comment faire pour arrêter, le manque d’encouragement de la part de la famille, le manque
d’encouragement de la part des amis, la prise de poids, l’impression d’être moins en contrôle de son humeur. Un score additif reflétant l’ampleur des barrières rencontrées est ensuite dérivé, puis mis en relation avec l’usage récent de la cigarette électronique. Conformément aux pratiques usuelles, un jeune n’ayant pas vapoté dans les 30 derniers jours est considéré comme abstinent10. Toutes les analyses sont réalisées avec le logiciel STATA17©.

Résultats

Ont tenté de cesser de vapoter

Quarante-cinq pour cent des jeunes initiés à la cigarette électronique ont déjà tenté d’arrêter de vapoter. Cette proportion est près de deux fois plus élevée chez ceux qui vapotent au moins une fois par mois que chez les usagers occasionnels et les non-usagers (tableau 1). Elle est légèrement plus élevée chez les jeunes issus de familles plus défavorisées (RRa=1,06 IC95(1,01-1,13)) et ceux présentant une anxiété modérée à sévère (RRa=1,07 IC95 (1,01-1,13)). Ni le sexe, ni le fait de fumer la cigarette, ni le fait d’avoir des amis vapoteurs ne paraissent significativement associés à des tentatives de cessation chez les jeunes initiés à la cigarette électronique.

Tableau 1- Facteurs associés à des tentatives d’arrêt de la cigarette électronique
FIGURE 1. Fréquence* des tentatives d’arrêt selon le risque attribué à un usage régulier de la cigarette électronique. Sous-échantillon constitué des jeunes utilisateurs réguliers de la cigarette électronique**

La proportion de jeunes ayant tenté d’arrêter croît chez les utilisateurs réguliers de la cigarette électronique à mesure que le risque attribué au vapotage s’accroit (figure 1). La proportion prédite de vapoteurs réguliers ayant tenté de cesser de vapoter est, après contrôle des confondants, de 53% (IC95(45%-61%)) chez ceux qui estiment qu’un usage régulier de la cigarette électronique ne comporte aucun risque pour la santé. Cette proportion est significativement plus élevée chez ceux qui au contraire, y voient un grand risque pour la santé (proportion ajustée=66% (IC95(62%-70%)). Le ratio entre ces proportions est égal à 1,33 (IC95(1,12-1,54)). Parmi les non-utilisateurs ou utilisateurs
occasionnels, les tentatives d’arrêt n’apparaissent toutefois pas plus fréquentes chez ceux qui pensent que l’usage régulier de la cigarette électronique comporte un risque plus élevé pour la santé (résultats non présentés).

Figure 1- Fréquence* des tentatives d’arrêt selon le risque attribué à un usage régulier de la cigarette électronique. Sous-échantillon constitué des jeunes utilisateurs réguliers de la cigarette électronique**

Barrières rencontrées par les jeunes ayant tenté d’arrêter de vapoter

La figure 2 rend compte des réponses aux questions posées sur les barrières rencontrées lors des tentatives de cessation de la cigarette électronique. La dépendance est la barrière la plus souvent évoquée (45%), suivie de l’impression d’être moins en contrôle de son humeur (37%), de la peur de ne pas réussir à arrêter (30%) et ne pas savoir comment faire (29%). La prise de poids n’a constitué une difficulté que pour 16% des répondants. Un jeune sur six (17%) dit n’avoir rencontré aucune barrière à l’arrêt.

FIGURE 2. Réponses aux questions portant sur les barrières rencontrées par les jeunes ayant tenté d’arrêter. Proportion de répondants pour qui l’élément proposé a constitué une petite, une moyenne ou une grande barrière

Le tableau 2 présente les réponses des jeunes selon leur degré d’anxiété et leur sexe. Les proportions et les ratios de risque sont ajustés pour l’âge et les autres confondants. Quelle que soit la question posée, les jeunes plus anxieux déclarent rencontrer davantage de barrières lors de leurs tentatives de cessation ; l’excès de risque variant selon la question, entre 40% et 75%. Les filles rencontrent plus de barrières que les garçons pour six des sept questions. Elles sont presque deux fois plus nombreuses à rapporter que la prise de poids a constitué une barrière à l’arrêt (RRa=1,87 IC95(1,62-2,15)). Elles sont plus souvent gênées par le fait de ne pas savoir comment faire (RRa=1,34 IC95(1,23-1,46)) et doutent davantage de leur efficacité personnelle (RRa=1,39 IC95(1,28-1,51)). Les réponses des jeunes issus de familles plus défavorisées diffèrent significativement de celles des autres jeunes pour trois des sept questions : « la prise de poids » (RRa=1,35 IC95(1,20-1,51)) et le manque d’encouragement de la part des amis (RRa=1,14 IC95(1,04-1,24)) ou de la famille (RRa=1,34 IC95(1,19-1,50)).

TABLEAU 2. Réponses aux questions portant sur les barrières rencontrées par les jeunes ayant tenté d’arrêter selon le degré d’anxiété et le sexe des répondants. Proportions* et ratios de risques ajustés**

Barrières à la cessation et abstinence

Trente-six pour cent des jeunes ayant déjà tenté d’arrêter la cigarette électronique déclarent ne pas avoir vapoté dans les 30 derniers jours (qualifiés d’abstinents dans ce qui suit). La proportion d’abstinents diminue à mesure que les barrières augmentent (figure 3). Il y a 61% d’abstinents parmi les jeunes qui n’ont été exposés à aucune des sept barrières. Ils ne sont plus que 37% parmi les répondants ayant rencontré une « petite barrière » lors de leur tentative de cessation (score = 1). Il n’y a plus que 10% d’abstinents chez les jeunes dont le score excède la médiane (score supérieur à 9).

Figure 3-Proportion de jeunes s’étant abstenus de vapoter dans les 30 derniers jours selon l’ampleur des barrières rencontrées lorsqu’ils ont tenté de cesser de vapoter

Que conclure ?

L’étude montre que près de la moitié des jeunes initiés au vapotage avaient déjà tenté de cesser d’utiliser la cigarette électronique. Elle révèle également que la propension à tenter d’arrêter la cigarette électronique est plus marquée chez les utilisateurs réguliers, et qu’elle augmente parmi ceux-ci lorsqu’ils estiment que la cigarette électronique comporte des risques pour la santé. Le vapotage est un phénomène récent ; ces résultats peuvent difficilement être confrontés à des travaux empiriques antérieurs. Ils militent toutefois en faveur d’actions destinées à sensibiliser les jeunes aux dangers du vapotage et d’interventions visant à promouvoir la cessation de la cigarette électronique. La mise en oeuvre en milieu scolaire d’interventions destinées à encourager la cessation du vapotage est jugée prometteuse par plusieurs auteurs5,11,12. La loi adoptée le 31 octobre 2023 par l’Assemblée Nationale du Québec qui vise à encadrer la vente de produits de vapotage s’inscrit dans cette perspective.

L’étude révèle que près des deux tiers des jeunes ayant tenté de cesser vapotent toujours. La proportion d’abstinents varie sensiblement selon les barrières rencontrées lors des tentatives de cessation de la cigarette électronique. La levée des principales barrières rencontrées constitue sans doute un facteur clé dans la réussite des interventions visant à promouvoir la cessation de la cigarette électronique. La dépendance est une cible prioritaire pouvant être appréhendée par des politiques ou des règlementations destinées à limiter la concentration en nicotine des produits de vapotage ou le volume des réservoirs et des recharges des produits de vapotage. La gestion des émotions (pouvoir
contrôler son humeur), les connaissances (savoir comment faire pour arrêter), le sentiment d’efficacité (savoir si on peut y arriver) et, chez les filles, les enjeux en lien avec l’image corporelle (peur de prendre du poids), constitue d’autres aspects critiques11,13,14 et des points d’entrée prioritaires dans la formulation d’interventions destinées à promouvoir la cessation du vapotage des jeunes15,16. Des expériences récentes telles que le projet « This is quitting » qui offre du soutien par messages textes aux jeunes pour les encourager, renforcer leur estime de soi et leur fournir des stratégies personnelles pour faire face aux difficultés rencontrées lorsqu’ils veulent arrêter pourraient constituer
des sources d’inspiration potentielles17.

Ces barrières ne sont pas ressenties de la même manière selon que le degré d’anxiété, le sexe et le niveau de défavorisation familial. Ces résultats devront être confirmés et affinés par d’autres travaux. Ils militent a priori pour un ajustement des interventions de promotion de la cessation du vapotage selon les clientèles concernées et les caractéristiques singulières des milieux dans lesquelles elles sont déployées.

Les auteurs espèrent que ces premiers éléments factuels pourront contribuer à soutenir les politiques publiques destinées à réduire l’usage de la cigarette électronique par les jeunes et soutenir des initiatives telles que le projet « Génération sans fumée » et le projet Vaccompagnateur18.

Citation suggérée

Bouchard R, Turcotte-Tremblay AM, Bélanger RE, Bacque-Dion C, Haddad S. La cessation de la cigarette électronique chez les adolescents. Tentatives d’arrêt et barrières rencontrées. Une analyse des cohortes scolaires COMPASSQuébec (2022-2023). Centre de Recherche VITAM. Québec, février 2024.

Financement

COMPASS-Québec bénéficie d’octrois de recherche et du soutien du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, du Gouvernement du Québec, des Instituts de Recherche en santé du Canada, et de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale.

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