Laurence Veilleux

Amélia, recueil paru en 2016, est un conte cruel et sensible centré sur un personnage de jeune fille vivant en forêt avec son père. Cet environnement hostile est décrit par les activités qui y ont cours; la fillette apprend la chasse.

ses traces boueuses menaient l’enfant

il n’y avait rien d’autre à faire

chausser les plumes des trappés

trancher la gorge des oiseaux convenablement 

Mais bientôt, elle devient elle aussi victime des chasseurs. La prédation, alimentaire et sexuelle, est partout:

Parfois les marchands réclament le sucre des os […]

ils enfoncent leurs doigts

dans le ventre du chevreuil abattu

renversent les trésors sauvés et rient.

Amélia fait corps avec la forêt, passant du Je individuel à une énonciation collective qui englobe la voix de toutes les victimes, humaines et animales:

On nous rencontre parfois

amputées du piégeage

bêtes à trois pattes

estropiées de la chasse 

Le recueil de Laurence Veilleux ne présente pas de description de paysage, mais il met en place un imaginaire de la prédation qui suppose un milieu forestier synonyme de violence et de silence.

trois herbes