Noémie Pomerleau-Cloutier

Dès les premières lignes de Brasser le varech (2017), Noémie Pomerleau-Cloutier fournit le “code” ou la “clé” de son recueil, la Flore laurentienne du Père Marie-Victorin. Ce recueil, dont les titres de sections reproduisent le cycle forestier, est une exploration de la forêt nord-côtière à laquelle est liée la figure disparue du père.

icitte

fait frette

y vente

la terre est dure

c’est grand

icitte

y a de l’horizon

à bouffer pour tout le monde

[...] 

dans l’fond

icitte

même les glaciers

sont pas restés

C’est un milieu exigeant évoqué par un riche vocabulaire lié à la botanique et à la foresterie, source de tout l’imaginaire qui draine le recueil: «la douleur le tailladait / il a voulu mourir plusieurs fois / […] / le cœur ligneux / s’est envoyé le bois / son bois / en pleine face / la 138 dans le crâne / vers la fin / on avait avancé / la classification / de son espèce végétale / il était trop tard / l’émondeuse avait commencé / son travail.»

Le sujet essaie de dépasser la perte de la figure paternelle en décodant les paysages forestiers qui étaient siens grâce à son “exemplaire vintage de la Flore laurentienne” qu’elle a retrouvé. 

tu apprends à vivre

avec une branche

plantée solide

en travers du tronc

quand on caresse

tes chicots

des bouts d’écorce volent

en fragiles cicatrices

 trois herbes