Le prix d’excellence de l’Institut d’informatique quantique (IQC) est remis à une personne qui fait des études supérieures en informatique quantique à l’Université de Waterloo et qui s’est distinguée par son excellence en recherche. Dernier lauréat en date, Michal Kononenko nous a parlé de ses recherches de maîtrise, de la pertinence de l’informatique quantique et des conseils qu’il donne à ceux qui songent à étudier dans ce domaine.
Félicitations Michal pour l’obtention de ce prix d’excellence. Qu’est-ce qui vous a amené à étudier en informatique quantique à l’IQC?
J’ai fait un diplôme de 1er cycle en génie nanotechnologique ici même à l’Université de Waterloo. Je ne savais pas trop ce que j’allais faire ensuite, mais un cours d’introduction à la mécanique quantique a suscité mon intérêt.
Si je devais citer un moment qui a déclenché mon choix, je dirais que ce fut un exposé présenté par Scott Aaronson [ancien de l’IQC] sur les liens entre problèmes de complexité algorithmique et problèmes physiques.
Maintenant, je fais une maîtrise en physique sous la direction d’Adrian Lupascu [professeur à l’IQC ainsi qu’au Département de physique et d’astronomie].
En quoi consistent vos recherches pour l’obtention de la maîtrise?
Je fais partie de l’une des 3 équipes qui travaillent sur les qubits supraconducteurs à l’IQC, et mes recherches portent plus précisément sur des tests de qutrits supraconducteurs. Nous essayons de fabriquer un meilleur qubit — système quantique ayant 2 niveaux d’énergie utilisables pour le traitement d’information quantique —, mais nous avons constaté en cours de route que nous pouvons aussi contrôler notre système comme un qutrit, c’est-à-dire que nous pouvons utiliser un 3e niveau d’énergie.
Mes travaux consistent à effectuer des tests aléatoires qui permettent de déterminer si nous pouvons vraiment contrôler ce qutrit a un degré utile pour le calcul quantique. Normalement, la perte d’information subie lors du passage d’un qubit au 3e niveau d’énergie constitue un problème. Mais avec l’aide de mes recherches, nous pouvons transformer cet inconvénient en un atout.
Vous voyez-vous faire carrière dans ce domaine?
J’aimerais insister pour que plus de gens participent à des projets comme celui-ci. L’étude des qubits supraconducteurs est passionnante. Pour quelqu’un qui s’intéresse au fonctionnement des ordinateurs quantiques dans l’avenir, c’est un sujet idéal. Je me vois travailler dans ce domaine, mais communiquer son importance devrait être une priorité.
Comment voyez-vous l’avenir des ordinateurs quantiques?
Je considère que les qubits supraconducteurs sont de sérieux candidats à devenir les constituants des futurs ordinateurs quantiques. Mais il pourrait y avoir des ordinateurs mixtes dans lesquels les calculs seraient effectués sur des qubits supraconducteurs, puis les résultats stockés dans un piège à ions. Je ne serais pas surpris que les ordinateurs quantiques de l’avenir soient hybrides.
Que signifie pour vous le fait d’avoir reçu le prix d’excellence de l’IQC?
C’est à la fois un honneur et un défi.
C’est un honneur parce que j’apprécie le fait que mon travail soit reconnu. Je suis très reconnaissant envers le professeur Lupascu pour son soutien et ses conseils. Je ne pourrais pas avoir un meilleur directeur de recherches ni travailler au sein d’une meilleure équipe.
Ce prix représente aussi un défi : poursuivre le travail et continuer de faire des progrès. Il m’incite aussi à me conduire comme un modèle qui mérite un tel prix au sein de la communauté scientifique.
Qu’est-ce qui vous attend maintenant en informatique quantique?
Je suis très intéressé par les technologies issues de ce domaine. À mon avis, il est important que l’informatique quantique demeure pertinente pour la résolution de problèmes concrets. Le programme Apollo n’a pas seulement amené des hommes sur la Lune; il a aussi produit de nombreuses technologies que nous utilisons encore aujourd’hui. Je crois que l’informatique quantique devrait et peut faire la même chose afin de maintenir l’intérêt, susciter des investissements et être utile.
J’aimerais donc conclure des partenariats avec le secteur privé pour participer au développement de technologies issues du domaine. Une fois que j’aurai acquis une certaine expérience dans l’industrie, j’aimerais ensuite la mettre à profit pour orienter d’autres recherches en milieu universitaire.
Avez-vous des conseils à donner à ceux qui songent à se porter candidats à un programme d’informatique quantique?
N’hésitez pas à vous consacrer à ce qui vous intéresse. L’informatique quantique est un vaste domaine aux possibilités et aux spécialisations toujours plus nombreuses. Posez des questions à des professeurs et à d’autres étudiants, et trouvez ce qui vous passionne à propos de l’information quantique. Cela vous aidera à trouver l’équipe et le domaine de recherche qui vous conviendront, et cela vous aidera à définir les problèmes à aborder.
Mais si vous vous rendez compte que ce que vous faites ne vous passionne pas autant que ce que vous pensiez, n’ayez pas peur de changer de domaine ou d’amener de nouvelles idées. L’informatique quantique comporte tellement de volets que vous trouverez toujours quelque part où aller.