« La ville, la chambre, la nature : topophonie de l’Éros dans La Comédie humaine d’Honoré de Balzac »
Du fameux « han ! de Saint-Joseph » que lâche le père Goriot en tordant nuitamment sa soupière en vermeil aux pesants bruits de pas de Balthazar Claës descendant son escalier — audiographème du personnage balzacien que Proust repiquera dans un de ses Pastiches — les hommes et les lieux bruissent haut et fort dans le roman de Balzac. Si La Comédie humaine est anthropophonique — les êtres vivants y chahutent, crient, hoquettent, tapent, pleurent, gloussent à tout instant —, elle est également topophonique : ses décors craquent, sifflent, vibrent et résonnent au rythme des péripéties qui s’y déroulent. Or que portent en eux les bruits et les sons qui résonnent dans les espaces romanesques de Balzac ? Quels conflits s’y cristallisent ? Quelles douleurs s’y expriment ? Et s’ils donnaient à entendre, comme en contrepoint, les enjeux profonds qui sous-tendent les drames où ils adviennent ? En partant du principe qu’il n’y a pas de son pur, an/historique et vierge de toute détermination esthétique et politique, nous tenterons de montrer que la trame sonore qui informe la texture de la ville, de la chambre et de la nature balzaciennes indique au fond, malgré ses nombreux résonateurs, un seul et puissant drame : celui de l’Éros.
Bienvenue à tous et à toutes!