Café-rencontre | Nathalie Freidel

Friday, November 25, 2016 2:30 pm - 2:30 pm EST (GMT -05:00)

Nathalie Freidel, Université Wilfrid Laurier

Nathalie Freidel
Nathalie Freidel est professeur associée et directrice du département de Langues et Littératures de l’Université Wilfrid Laurier, à Waterloo, où elle enseigne les littératures des XVIIe et XVIIIe siècle. Dans le champ florissant des études sur l’épistolaire, elle a notamment contribué à remettre au goût du jour l’œuvre de Mme de Sévigné, à laquelle elle a consacré deux monographies (Honoré Champion, 2009; Atlande, 2012), deux anthologies (Gallimard, Folio classique, 2012 et 2016) et de nombreux articles, dont le dernier paru : « Connivences épistolaires : le commerce triangulaire des Sévigné », dans L’Âge de la connivence : lire entre les mots à l’époque moderne, éd. Ariane Bayle, Mathilde Bombart et Isabelle Garnier, Cahiers du Gadges, n°13, Genève, Droz, 2016, p. 111-126. Un projet de recherche sur « l’économie des lettres » financé par le CRSH (2014-2016) l’a conduit à travailler sur la correspondance de Marie de l’Incarnation. Dernier article paru : « Marie de l’Incarnation, voyageuse immobile en Nouvelle-France », XVIIe siècle, 2016/3, n°271, p. 533-545.

« L’épistolaire, voie d’accès des femmes à l’écriture au XVIIe siècle »

Dans un temps où le champ littéraire était en train de se construire sans elles, les femmes qui voulaient écrire se sont emparées de l’instrument épistolaire, faisant de ce secteur marginal des Belles Lettres une place d’avant-garde. À travers des œuvres devenues canoniques (Sévigné, Maintenon) mais aussi des contributions plus discrètes (Lafayette, Marie de l’incarnation, Villedieu) nous nous intéresserons au travail d’écriture, à la pratique et aux usages : Peut-on établir des critères graphiques et orthographiques distinguant la lettre féminine de son équivalent masculin? Comment les femmes signaient-elles leurs lettres? La lettre féminine, au XVIIe siècle, longtemps réduite à des fonctions topiques (discours amoureux, expression des sentiments), convoque des régimes et des registres variés et, loin de se cantonner à la sociabilité et au territoire domestique, investit les champs politique, économique ou religieux. Or non seulement les épistolières se ménagent par là une voie à l’écriture mais leur art transforme en profondeur les préconstruits rhétoriques du genre pour se faire le vecteur d’une parole singulière et inédite. Espace intermédiaire, alternative aux circuits officiels de la publication, la lettre permet de mieux saisir l’ambigüité de la position féminine, entre dénégation et affirmation de l’auctorialité. 

Les cafés-rencontres sont ouverts à tous les professeurs du département, aux étudiants et aux étudiantes, à la communauté universitaire et aux francophones et francophiles de la région de Kitchener/Waterloo.