Nathalie Freidel, Université Wilfrid Laurier
« L’épistolaire, voie d’accès des femmes à l’écriture au XVIIe siècle »
Dans un temps où le champ littéraire était en train de se construire sans elles, les femmes qui voulaient écrire se sont emparées de l’instrument épistolaire, faisant de ce secteur marginal des Belles Lettres une place d’avant-garde. À travers des œuvres devenues canoniques (Sévigné, Maintenon) mais aussi des contributions plus discrètes (Lafayette, Marie de l’incarnation, Villedieu) nous nous intéresserons au travail d’écriture, à la pratique et aux usages : Peut-on établir des critères graphiques et orthographiques distinguant la lettre féminine de son équivalent masculin? Comment les femmes signaient-elles leurs lettres? La lettre féminine, au XVIIe siècle, longtemps réduite à des fonctions topiques (discours amoureux, expression des sentiments), convoque des régimes et des registres variés et, loin de se cantonner à la sociabilité et au territoire domestique, investit les champs politique, économique ou religieux. Or non seulement les épistolières se ménagent par là une voie à l’écriture mais leur art transforme en profondeur les préconstruits rhétoriques du genre pour se faire le vecteur d’une parole singulière et inédite. Espace intermédiaire, alternative aux circuits officiels de la publication, la lettre permet de mieux saisir l’ambigüité de la position féminine, entre dénégation et affirmation de l’auctorialité.
Les cafés-rencontres sont ouverts à tous les professeurs du département, aux étudiants et aux étudiantes, à la communauté universitaire et aux francophones et francophiles de la région de Kitchener/Waterloo.